L’aménagement avec grand succès de l’oasis artificielle de Rejim Maatoug et les résultats positifs réalisés en matière de sédentarisation de la communauté qui y réside ont encouragé les autorités tunisiennes à lancer, dans la délégation de Fawar (gouvernorat de Kébili), un projet similaire pour la création, pour un coût global de 155 MDT, de nouvelles palmeraies sur une superficie dépassant 1 200 hectares.

La première composante de cette nouvelle oasis a consisté en le forage, dans la localité d’El Mohdeth, au sud de la délégation frontalière de Fawar, d’un puits de 250 mètres de profondeur. Le coût de ce puits est estimé à 1,6 MDT.

Ce projet, supervisé par l’armée nationale, sera suivi par quatre autres puits.

Bientôt la grande oasis de Fawar

Au plan logistique, il est prévu de construire, sur une distance de 42 km, une route devant relier Fawar à la localité d’El-Mohdeth, moyennant une enveloppe de 22 MDT. Il y a là une bonne nouvelle pour désenclaver la zone.

Le premier noyau du projet démarrera avec l’aménagement de 300 hectares de palmeraies. Il s’étendra, progressivement, sur une superficie de 1 200 hectares.

Cette future palmeraie de 1 200 hectares va bénéficier directement et indirectement d’apports financiers fournis par des pays partenaires, des organismes régionaux et des bailleurs de fonds dont la Banque mondiale par le canal entre autres du Fonds de l’environnement mondial (FEM).

La Banque mondiale est particulièrement dynamique sur ce sujet. Dénommé financement du Programme pour les forêts (PROFOR), le premier projet de la Banque a soutenu l’élaboration de la première stratégie nationale pour le développement durable des oasis de Tunisie.

D’après Taoufiq Bennouna, spécialiste senior à la Banque mondiale pour la gestion des ressources naturelles en Tunisie, cette stratégie s’est fixé cinq principaux objectifs.

Ces derniers visent à restaurer les écosystèmes écologiques et environnementaux, à rétablir les fonctions économiques et socioéconomiques des oasis, à renforcer leurs fonctions socioculturelles et touristiques, à améliorer les moyens de subsistance des communautés concernées et à déployer des mesures d’accompagnement.

Une aide financière étrangère généreuse

Le second financement de la Banque mondiale “Gestion Durable des Ecosystèmes Oasiens en Tunisie” est assuré à hauteur de 15,9 MDT par un don du FEM.

Objectif : contribuer à la promotion des oasis au rang de pôles économiques intégrés et pérennes.

Près de 4 000 ménages sont concernés par le projet, dont les initiatives seront coordonnées par des organisations de la société civile locales et mises en œuvre dans six oasis sélectionnées : l’oasis littorale de Zarat, dans le gouvernorat de Gabès (400 ménages) ; l’oasis continentale de Noueil, dans le gouvernorat de Kébili (500 ménages) ; l’oasis de montagne d’El Guettar, dans le gouvernorat de Gafsa (2 700 ménages) ; et un groupe de trois oasis de montagne, Tameghza, Chebika et Midès, dans le gouvernorat de Tozeur (500 ménages).

Une cinquantaine de microprojets ont été entrepris, qui portent sur le nettoyage des oasis, le compostage des déchets des palmiers et le rajeunissement des palmeraies.

La société civile impliquée

Illustration majeure de cette nouvelle dynamique de microprojets, l’initiative que vient de prendre l’Association Ruche de la citoyenneté active à Tozeur. Elle a lancé une campagne de boisement pour le pâturage des abeilles.

Il s’agit de planter, près de la zone irriguée « Jhim2 », une centaine d’arbres (120) sources de miellée (nectar butiné rapporté par les abeilles).

Cette action s’inscrit dans le cadre d’un projet de renforcement des aires de pâturage des abeilles, dans les oasis.

Ce projet est financé par le Fonds pour l’environnement mondial, en partenariat avec le Commissariat régional au développement agricole et l’Office de l’élevage et des pâturages.

L’initiative de cette ONG est à saluer pour une raison majeure : elle vient mettre à profit les opportunités de financement que le Fonds pour l’environnement mondial met à la disposition des communautés des oasis tunisiennes aux fins de créer de nouvelles sources de revenus et de sédentariser les populations.

Par ailleurs, avec ce projet, l’Association Ruche de la citoyenneté active contribue aux efforts déployés à l’échelle nationale pour lutter contre la désertification et pour s’adapter aux changements climatiques.

Les oasis, un patrimoine civilisationnel à protéger

L’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS), organisation intergouvernementale à vocation africaine spécialiste dans la surveillance environnementale et la gestion des ressources naturelles, est lui aussi impliqué dans la protection des oasis tunisiennes contre la dégradation.

Pour Nabil Hmada, représentant de l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS), organisme basé à Tunis et impliqué directement dans la valorisation des oasis tunisiennes, la finalité ultime de cet intérêt pour les oasis n’est pas seulement d’ordre économique. Elle vise, selon lui, à « protéger les oasis et à les considérer comme un patrimoine national environnemental, civilisationnel, culturel, local et international ».

Concrètement, l’Observatoire s’emploie à coordonner les efforts des pays membres pour présenter une première mouture d’un projet régional visant le développement des oasis dans les pays d’Afrique du Nord. Le projet, qui sera présenté aux bailleurs de fonds pour financement, vise à améliorer la flexibilité de ces oasis et sa capacité d’adaptation avec les problématiques de l’environnement, notamment, les changements climatiques.

En somme, au regard de l’ensemble de ces réalisations et projets en cours d’exécution, il est permis d’avancer que toute une dynamique est enclenchée non seulement pour endiguer la détérioration de l’écosystème oasien mais également pour en faire un pôle de développement où il fait bon de vivre.

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