« L’entreprise et le nouveau rôle de l’Etat ». C’est le thème qu’a abordé la 34ème édition des Journées de l’entreprise qui s’est tenue les 6 et 7 décembre 2019. En choisissant ce thème, la direction de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) visait un seul objectif –mais fondamental- pour l’entreprise par les temps qui courent : que l’administration tunisienne, autrement dit l’Etat, assume sa responsabilité de “régulateur“ des affaires économiques du pays.

Alors l’Institut a-t-il atteint cet objectif ? Difficile à répondre pour le moment.

Deux jours durant –les 6 et 7 décembre 2019-, la station balnéaire El Kantaoui a accueilli ce qui est convenu d’appeler le “Davos de la Tunisie“, c’est-à-dire cette rencontre annuelle qui réunit le monde politique et celui des affaires pour débattre, sans tabou, de l’actualité politico-économique, puis proposer de solutions à même de faire avancer le pays. Et cela fait 34 ans que cela dure.

Pour cette année 2019, jamais un intitulé de ces journées n’a collé à l’actualité que le sujet de cette année. Les derniers résultats des élections générales sont expliqués et perçus par certains spécialistes comme étant la résultante de la “démission“ de l’Etat. D’où l’arrivée des “forces politiques nouvelles“ sur la scène politique tunisienne : élection d’un homme “neuf“ à la présidence de la République ; retour des islamistes (Ennahdha) comme premier parti à l’Assemblée ; l’arrivée comme 2e parti au Parlement d’un parti qui n’existait pas il y a un an ; sans oublier l’irruption d’autres mouvements sur la scène politique…

Donc, débattre de la problématique du nouveau rôle de l’Etat est venu au moment opportun. Sauf que ceux qui sont appelés à jouer un rôle dans le nouveau rôle de l’Etat étaient absents : le président de La République, absent ; le président de l’Assemblée (pourtant pratiquement toujours présent à ces Journées…), absent ; aucun nouveau député.

En lieu et place, on a eu Mohamed Ennaceur et Youssef Chahed, respectivement ancien président de l’ARP et ancien président de la République, et actuel chef de gouvernement pour quelques jours ou semaines encore. Et même si les absents auront les échos de ces journées, nous pensons que leur présence aurait été plus judicieuse.

A contrario, Ennaceur et Chahed ont témoigné de leur vécu, autrement dit du “presque“ passé, mais qui ne servira pas la cause de l’économie tunisienne, maintenant et dans le futur proche.

Cette critique vaut également pour le dernier des Journées de l’entreprise 2019, qui a compté la présence de Houcine Abassi et Wided Bouchamaoui. Leurs témoignages ne servent pratiquement à rien, à notre avis, car ni à l’UTICA ni à l’UGTT on ne se hasarde à les imiter dans leur manière de négocier avec les pouvoirs publics.

En revanche, on a trouvé intéressantes les interventions de trois invités étrangers, en l’occurrence celle de Abdullah Güll, ancien chef d’Etat turc qui a beaucoup insisté sur le bien-fondé de la démocratie, car à l’inverse, «la dictature favorise la corruption, le clientélisme et la répartition inéquitable des richesses…» ; celle de l’ancien Premier ministre grec, Alexis Tsipiras, pays qui a connu de difficultés économiques, financières et sociales à celles que traverse la Tunisie depuis quelques années, et qui considère que « les réformes sont nécessaires mais elles ne doivent pas ignorer le facteur social » et celle de René Tammist, ancien ministre de l’Entrepreneuriat et des IT d’Estonie, qui a parlé de l’impératif de la digitalisation des services publics mais de manière intelligente.