Après la Révolution, l’Etat a perdu son crédit et son lustre. Comment dès lors réhabiliter la responsabilité et le rôle de l’Etat ?

Mohamed Ennaceur entamera son speech par un joli lapsus, en remerciant les dirigeants de l’Institut arabe des droits de l’Homme. Réagissant au brouhaha de l’auditoire, il se reprendra élégamment, précisant que les chefs d’entreprise, en œuvrant pour la prospérité partagée, garantissent les droits de l’Homme en société.

Le discours de M. Ennaceur était lui aussi très attendu. Tout à tour président de l’ARP puis président de la République, l’auditoire attendait ses recommandations.

De l’Etat national à l’Etat de droit

La Tunisie a connu une évolution séquentielle de la perception du rôle de l’Etat. Pour l’Etat d’indépendance, la responsabilité de l’Etat était totale car le pays a vé u sou le parapluie de l’Etat providence.

Le modèle a connu des ratés. La révolution est arrivée. Elle a reconfiguré l’Etat tout en dispersant son rôle pour avoir multiplié les centres de pouvoirs.

Le peuple est toujours dans l’expectative. Le nouveau modèle avec un régime parlementaire modifié n’a pas encore débouché sur l’Etat de droit. Cela a beaucoup coûté en frustration au pays.

L’ennui est que le régime, tout en ayant des attributs démocratiques, ralentit le rendement de l’Etat. Tant de projets dont le financement est disponible, n’ont pas été réalisés faute d’avoir été votés par les députés.

Une vision de long terme

L’Etat se hâte lentement, laisse entendre l’ancien président. Le régime de croisière du système politique est en-dessous des attentes des citoyens.

Cette perte de temps pèse lourdement sur les conditions de vie des citoyens. Il est nécessaire, rappelle Mohamed Ennaceur, de se projeter dans le temps de l’histoire. Il est vrai qu’en 9 ans le pays a changé six fois de gouvernement. Le moment est venu toutefois pour se donner une vision de long terme. Et pour cela, il convient de transcender les intérêts partisans et corporatistes et d’adopter une vision citoyenne, loin des influences politiques.

Nous trouvons que cette solution est générique. Mohamed Ennaceur appelle à la tenue d’une conférence nationale où l’on pourrait concevoir d’un accord patriotique sur le rôle de l’Etat. Nous considérons que c’est une médecine douce et qu’elle n’est pas en ligne avec le challenge du moment pour aller vers l’Etat fort et respecté.