L’inspection du travail fait face à de grandes difficultés dans la plupart des pays arabes et requiert davantage d’efforts pour assurer son développement, indiquent des experts lors d’une réunion axée sur le thème “inspection du travail dans le monde arabe: Réalité et perspectives”.

Organisée à l’initiative du bureau tunisien du Centre arabe pour l’administration du travail et l’emploi (ACLAE) en collaboration avec le ministère des Affaires sociales et l’Organisation internationale du Travail (OIT), cette réunion a été marquée par la participation de 15 experts de Tunisie, Algérie, Libye, Maroc, Egypte, Emirats arabes unis et de Jordanie.

Les participants ont souligné que l’inspection du travail, qui est un instrument ayant un rôle majeur dans le développement des relations entre les employés, l’amélioration des conditions de travail, la garantie de la paix sociale, le contrôle de l’application des législations, l’accompagnement des travailleurs ainsi que la prévention des dangers et des conflits professionnels, se retrouve confrontée à plusieurs obstacles qui ne peuvent être surmontés qu’à travers une conjugaison de différents efforts.

Prenant la parole, l’expert en administration du travail et dialogue social, Mohamed Kchaou, a souligné le manque constaté au niveau des inspecteurs du travail, en contrepartie d’un accroissement rapide du nombre de travailleurs et des structures.

Les inspecteurs du travail, a-t-il précisé, ne bénéficient pas de gratification professionnelles et financières équitables d’autant plus qu’ils sont appelés à s’acquitter de certaines fonctions administratives, au détriment de leur tâche principale”.

Kchaou a encore expliqué que les inspecteurs du travail, ne bénéficient pas de sessions servant à développer leurs compétences, ni d’un statut spécifique.

Ils ne disposent pas non plus des outils de travail élémentaire, tels que les moyens de transport et de communication modernes indispensables, a-t-il encore dit.

Il a en outre rappelé l’absence d’une base de données intégrale et actualisée des structures soumises à l’inspection du travail, ainsi que l’absence d’un manuel de procédures. La coordination entre l’organisme de contrôle et ces structures tels que la justice, les partenaires sociaux et le ministère de l’Intérieur demeurent insuffisantes, a-t-il ajouté.

Pour sa part, Rabih Meghdich, directeur du bureau tunisien de l’ACLAE, a estimé que cette réunion est l’occasion de débattre et de procéder à un échange de connaissances et d’expériences entre experts et spécialistes de l’inspection du travail, et permettra d’examiner les moyens de développer ce corps en lui conférant davantage d’efficacité.

Cette réunion, a encore souligné le responsable, examinerait les moyens de renforcer la coopération entre l’inspection du travail et les organisations professionnelles, outre le lancement d’un débat sur le manuel de procédures que l’OIT compte adopter afin de consacrer l’application des principes généraux de l’inspection du travail, conformément aux standards internationaux.

Pour sa part, le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, a indiqué que la Tunisie, à l’instar des pays arabes, attache une grande importance à l’inspection du travail, et s’emploie à le développer. Le département des affaires sociales, a-t-il fait savoir, a élaboré un dossier de ratification de la convention internationale du travail 129, sur l’inspection du travail dans le secteur agricole.

“En ratifiant cet accord, la Tunisie aura ratifié toutes les conventions de l’OIT, ce qui élargira le domaine d’action de l’inspection du travail, en particulier dans le domaine agricole”, a-t-il poursuivi.

Il a encore indiqué que la création de l’instance générale du travail et des relations professionnelles, contribuera à consolider les conditions d’une paix économique et sociale, à régler les conflits professionnels, et à coordonner les interventions des structures concernées par le travail et le dialogue social.

Trabelsi a dans ce contexte loué les efforts déployés par les inspecteurs du travail, en particulier dans cette phase qui connait une accentuation des revendications sociales et du nombre de conflits professionnels, dont l’inspection du travail a résolu 70%, évitant ainsi le recours aux grèves, a-t-il conclu.