“La mission d’observation électorale (MOE) de l’lnstitut électoral pour une démocratie durable en Afrique (EISA) n’a relevé aucune infraction grave lors des législatives du 6 octobre 2019”, a souligné Cassam Uteem, chef de la mission et ancien président de la République de Maurice.

Lors d’une conférence de presse tenue à Tunis, mardi 8 octobre 2019, pour annoncer la déclaration préliminaire de la mission, Cassam Uteem a indiqué que la MOE EISA, composée de 19 observateurs sur le court terme et 4 observateurs sur le long terme, a couvert les gouvernorats du Kef, Gabès, Jendouba, Kairouan, Kasserine, Sfax, Sidi Bouzid, Sousse, Tataouine, Tunis et Sfax lors des derniers jours de la campagne électorale et 137 bureaux de vote répartis sur une dizaine de gouvernorats le jour du scrutin.

Uteem estime que les élections se sont déroulées “dans la paix et la sérénité toutefois le taux de participation a été bien moins élevé qu’en 2011 et 2014 notamment de la part des jeunes et des femmes”.

“La mission a noté une absence d’engouement surtout à l’ouverture des bureaux de vote. Contrairement aux personnes âgées dont la participation au scrutin était remarquable, celle des jeunes l’était moins”, a-t-il dit.

Et d’ajouter que “La mission a noté que l’absence d’une parité horizontale a réduit les chances des femmes candidates”.

Parmi ses recommandations visant à améliorer la conduite des prochains processus électoraux, dont le 2e tour de l’élection présidentielle anticipée de 2019 prévue le 13 octobre prochain, la MOE EISA appelle les autorités à reconsidérer la situation du candidat au second tour de la présidentielle Nabil Karoui, qui n’a pas été jugé et condamné afin qu’il lui soit permis de mener sa campagne électorale au même titre que son concurrent Kais Saied.

En outre, la mission appelle l’assemblée des représentants du peuple à introduire la parité horizontale sur les listes candidates dans l’objectif d’accroître le nombre de femmes parlementaires pour garantir la parité homme-femme stipulée dans la Constitution.

Pour l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), la MOE EISA recommande la mise en place d’un cadre permanent de concertation avec les parties prenantes pour une meilleure communication, l’adoption de mesures pour l’identification des agents électoraux dans les bureaux de vote, ne glisser l’index de l’électeur dans l’encre indélébile qu’après le vote pour éviter la dégradation du bulletin de vote, le renforcement de l’éducation civique et électorale en collaboration avec les organisations de la société civile.

La MOE EISA recommande aussi à l’ISIE de rendre systématique l’affichage des listes des électeurs devant chaque bureau de vote, de renforcer la formation des contrôleurs du financement de la campagne électorale afin de garantir l’équité et l’égalité des chances entre les candidats, de fournir à tous les représentants des candidats et des listes, présents lors du dépouillement, une copie du procès-verbal des résultats.

Selon Cassam Uteem, il convient également de reconsidérer la mesure relative à la limitation du nombre d’observateurs dans les bureaux de vote et de renforcer la procédure de dépouillement et du décompte des voix par la vérification des bulletins émis, non utilisés et nuls avec le nombre de bulletins de vote reçus en début de journée et le nombre de signatures ainsi que le regroupement des bulletins de vote en plis par listes candidates.

Parmi les recommandations adressées aux candidats et aux partis politiques, la MOE EISA appelle à user des voies de droit en cas de contestation des résultats du scrutin en vue de préserver le climat de paix qui a prévalu jusqu’à la fin du dépouillement des voix dans les bureaux de vote.

La mission recommande, en outre, de mutualiser les ressources pour une meilleure représentation dans les bureaux de vote afin de préserver leurs intérêts et de renforcer l’éducation civique et électorale de leurs militants en vue d’une meilleure participation aux élections surtout celle des jeunes.

A noter que la déclaration préliminaire de la MOE EISA porte sur les observations préélectorales, celles faites le jour du scrutin jusqu’au dépouillement des voix dans les bureaux de vote et ne couvre pas la phase de la compilation, la transmission et la publication des résultats.

Un rapport plus détaillé, qui approfondira les conclusions et les recommandations, sera publié ultérieurement à l’intention des autorités tunisiennes, de l’ISIE et des autres parties prenantes au processus électoral.

La mission est composée de responsables d’organes de gestion des élections, de membres d’organisations de la société civile et d’experts indépendants originaires de 15 pays africains.