Habib Ben Hariz rejette l’accusation, lancée par certains, qu’il n’y a pas de système d’information bancaire «Made in Tunisie», et que ce existe ne serait qu’un «patchwork» de modules pris ça et là. Et affirme que BFI a pu, au fil des ans, développer un core banking sur lequel il greffe des modules métiers, en fonction du business du client.

WMC : Certains banquiers tunisiens estiment qu’on n’a pas de Global Banking tunisiens, et que les produits made in Tunisie ne sont, d’après eux, que des patchworks de modules pris çà et là. Que répondez-vous à cela ?

Habib Ben Hariz : La réponse est très simple : il faut aller visiter la STB qui a été équipée par la solution Global Banking Carthago de BFI.

Nous avons obtenu ce marché et nous l’avons mené à son terme. La STB est très satisfaite et sera la première banque digitale en Tunisie grâce à une collaboration très étroite entre les deux entités STB/BFI.

La Banque a même demandé une extension et nous l’avons faite. Aujourd’hui, la STB est dotée du meilleur système d’information bancaire de la place. Et je défie quiconque d’amener le meilleur expert pour examiner notre solution baptisée Carthago.

Elle est dotée de la toute dernière technologie. Une architecture urbanisée moderne et une très large couverture métier Carthago système modulaire, très facile à installer. Pour avoir cela, nous avons investi beaucoup d’argent.

Notre architecture est modulaire. Quand un client a un module qui fonctionne, pourquoi voulez-vous que je le change ?

Nous avons un noyau central, un core banking que nous installons puis on peut y ajouter des modules métiers, en fonction du business du client. Cette modularité qui constitue la force de notre système.

D’ailleurs, si nous cartonnons aujourd’hui en Afrique, c’est parce que nos modules se greffent aussi bien sur notre système Carthago que sur ceux de nos concurrents. Notre force c’est que nous arrivons à installer nos modules – par exemple ceux touchant à l’aspect réglementaire et au volet place- plus facilement que le constructeur lui-même, sur son noyau.

Etes-vous toujours actifs sur le marché tunisien ?

En Tunisie, nous avons démarré en 1994 avec la modernisation de la Bourse ; puis en 1995, on a enchaîné avec les salles de marché des banques dont nous avons équipé toutes les banques tunisiennes. Ensuite, nous avons modernisé leur activité titres. Et en 1999, nous avons obtenu la confiance du gouvernement et de la Banque centrale de Tunisie (BCT) qui nous ont accordé le marché de la télécompensation tunisien.

Cela nous a permis de percer dans treize ou quatorze pays en Afrique et de contrôler 80% du marché de la télécompensation dans la zone. C’est énorme.

La BCT est citée comme une référence dans ce domaine. D’ailleurs, quand ils viennent nous rendre visite, les responsables de Banques centrales africaines nous disent qu’ils vont passer un ou deux jours à la BCT. Il n’y a pas une Banque centrale en Afrique qui ne vous dise pas avoir bénéficié de l’assistance de la BCT.

Pour nous, la Tunisie est une plateforme qui nous permet de créer des vitrines. Elle nous a aidés par le passé, mais plus aujourd’hui.

La situation actuelle en Tunisie n’est pas encourageante pour nous. Ce qui se passe nous inquiète beaucoup. Nous sommes en train de rapatrier toute notre recette en devises en Tunisie. Nous continuons à y investir, mais nous n’avons aucun soutien politique ni d’encouragement. La seule chose pour laquelle je remercie le ministère des Technologies de la communication et de l’Economie numérique, c’est qu’il a accepté de nous délivrer une attestation comme quoi nous sommes à la fois éditeur et intégrateur, et ce dans le cadre d’un appel d’offres en Algérie.

Il faut un peu de politique pour sauver le secteur. Et là j’en appelle au chef du gouvernement de faire la même chose que ce qu’il a fait pour les autres secteurs tels que la santé, le transport.

Quelle forme le soutien que vous escomptez pourrait-il prendre?

Je vous donne un exemple. Nous sommes le seul éditeur à avoir un module habitat. Nous avons une solution complète et intégrée qui permet de suivre l’évolution d’un projet d’un promoteur, d’éviter de déloquer les crédits en une seule fois et de les accorder en fonction du degré d’avancement. Il y a aujourd’hui une dizaine de banques de l’habitat en Afrique. Quatre d’entre elles nous ont choisis au cours des deux dernières années, mais sans le soutien de la Banque de l’habitat de Tunisie.

Propos recueillis par Moncef Mahroug

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