La mise en place d’une allocation monétaire en faveur des enfants en Tunisie permettrait de combler plusieurs lacunes. Elle serait un instrument efficace de lutte contre la pauvreté, la vulnérabilité et les privations chez l’enfant et un moyen de promotion du capital humain, selon une étude de faisabilité des garanties du socle national de protection sociale, réalisée en mai 2019 par le centre de recherches et d’études sociales (CRES).

Cette allocation peut être introduite progressivement pour profiter, éventuellement, à tous les enfants tunisiens, a proposé l’étude, précisant que sur une population d’environ 3,2 millions enfants (de moins de 18 ans) en 2018, environ 59% ne bénéficient d’aucune prestation de protection sociale dont 32% sont issus de familles non couvertes par les régimes de sécurité sociale.

Trois variantes pour le montant de l’allocation sont proposées, à savoir des montants suffisants pour augmenter la consommation moyenne dans le premier quantile (plus pauvre) de la population de 5%, 10% et 15%, soient des montants annuels équivalents à 175 dinars, 350 dinars et 525 dinars par enfant (correspondant à 15, 30 et 44 dinars par mois), selon l’étude.

Les simulations ont montré qu’un transfert d’au moins 350 dinars par enfant et par an serait nécessaire pour avoir des effets significatifs sur la pauvreté et les privations, lit-on de même source.

L’analyse de l’espace budgétaire montre que même dans un contexte de contraction des dépenses publiques, qui est incontournable pour réduire le déficit budgétaire, il est possible de dégager un espace budgétaire qui serait supérieur aux besoins de financement de l’allocation pour enfants, selon l’étude.

L’utilisation de cet espace budgétaire est une question de choix politiques selon l’étude qui a appelé à consacrer une partie des ressources libérées à une allocation pour enfants qui serait plus efficace, plus équitable en termes de distribution et aiderait à renforcer la cohésion sociale, tout en promouvant le développement du capital humain.

Dans une déclaration à l’agence TAP, Anthony Hodges, expert en protection sociale à l’Unicef, estime qu’en dépit de la situation délicate que vit la Tunisie en termes de finances publiques et du déficit budgétaire assez élevé, les réformes en cours menées par l’Etat peuvent dégager des ressources additionnelles pour financer de nouvelles priorités politiques, à savoir la mise en place d’une allocation monétaire en faveur des enfants.

L’expert a souligné l’importance de cette allocation notamment pour les ménages les plus pauvres, là ou il existe une forte concentration d’enfants.

” Chaque enfant a le droit de vivre et de se développer “, stipule l’article 6 de la Convention des droits de l’enfant adoptée en 1989 par les Nations unies, appelant tous les pays à œuvrer à la consolidation des droits des enfants, notamment le droit à la vie, à la survie et au développement et à placer l’intérêt supérieur de l’enfant dans les priorités des politiques sociales nationales.

La Recommandation 202 de l’Organisation internationale du travail (OIT), adoptée le 14 juin 2012 a défini la sécurité élémentaire de revenu pour les enfants comme une des quatre “garanties essentielles” du socle national de protection sociale.

Elle stipule que cette garantie devrait se situer “au moins à un niveau minimal défini à l’échelle mondiale, assurant l’accès à l’alimentation, à l’éducation, aux soins et à tous autres biens et services nécessaires”.