“L’ensemble des intervenants dans le domaine de la construction doivent être conscients de l’importance de la construction durable. Il est indispensable aussi, de revoir la réglementation et de prévoir des sanctions pour faire face aux dépassements”, a indiqué Ghada Jalali, cadre au ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire.

Intervenant lors d’un atelier organisé mercredi 17 avril 2019 au Centre international des technologies de l’environnement de Tunis (CITET), sur la construction durable en Tunisie, la responsable a fait savoir que son département a lancé plusieurs actions à dessein d’orienter les architectes et les intervenants vers la construction durable, notamment dans les projets de bâtiments civils.

Toutefois, elle a fait savoir qu’à “l’exception de quelques projets pilotes réalisés, dont le foyer universitaire de Tataouine, l’Iset de Tozeur, ou le village des langues de Mahdia, nous remarquons dans la plupart des cas, un décalage entre les études présentées et les travaux réels de construction, lesquels ne respectent généralement, pas les critères et les obligations de la construction durable “.

La responsable a tenu à préciser que la durabilité touche à l’aspect de l’économie de l’énergie, mais aussi, à d’autres aspects, dont l’efficience de l’espace, la flexibilité de l’usage, le respect de l’environnement, les concepts de nettoyage et entretien, ainsi que de l’éclairage, du son…

Nahla Ouni, cadre au ministère des Affaires locales et de l’Environnement, indique, dans le même contexte, que ” la construction durable conduit au plus faible impact environnemental possible “.

Elle souligne que le parc de logements ne cesse d’accroître en Tunisie, passant de 750 mille en 1957 à 2,880 millions en 2009 et 3,290 millions en 2017 (selon des données de l’INS), ce qui impose, obligatoirement, le recours à l’approche de la qualité, pour assurer une gestion rationnelle des ressources naturelles et une meilleure valorisation des substances utiles disponibles de la Tunisie.

Seif Allah Snoussi, géologue et expert, a révélé que la Tunisie dispose de potentialités énormes dans le domaine des substances utiles, lesquelles sont localisées essentiellement dans les régions les plus défavorisées du pays et dont la qualité est irréprochable.

” Et pour preuve, tous les sites archéologiques de la Tunisie, qui existent encore de nos jours, ont été construits à partir de ces substances “, a-t-il noté.

” La Tunisie est riche en calcaire, argile, sable, gypse, sels… dont l’exploitation est très diversifiée dans le domaine de la construction, de l’industrie, voire du bien-être. Mais ces produits e sont malheureusement pas valorisés “.

Dorra Samil, architecte, s’est interrogée sur l’avenir de la construction durable, en Tunisie, alors que nous recensons 10 cimenteries et 166 briqueteries, ce qui fait que 99% de nos constructions sont réalisées à partir de briques. Elle a appelé à s’inscrire dans une pensée globale du destin écologique de la Tunisie et à dépasser les petites initiatives vers des projets de planification nationaux.

Elle a recommandé, aussi d’opter pour une refonte de la formation des formateurs, prévoir la mise en place d’incitations fiscales, ainsi que d’étudier la possibilité de mise en place d’un code de protection de l’environnement prévoyant par exemple l’obligation de réaliser une citerne de récupération d’eau pour obtenir le permis de construction.