Le secrétaire général du parti “Union populaire républicaine” (UPR), Lotfi Mraïhi, appelle le ministère de la Santé à fermer immédiatement le site “Taha Pharma” et à retirer tous ses produits du marché.

Lors d’une conférence de presse tenue lundi 8 avril à Tunis, Mraïhi a indiqué qu’en cas de non fermeture du site en question, l’UPR intenterait un procès en justice contre le chef du gouvernement, Youssef Chahed, “pour non protection de la santé des Tunisiens et leur exposition au risque de consommer des produits dont l’efficacité et l’innocuité ne sont pas prouvées”.

Selon lui, le ministère public s’est engagé à enquêter sur ce dossier notamment après la publication, vendredi 5 courant, par l’UPR d’un communiqué basé sur le rapport d’inspection du ministère de la Santé du 23 mars 2018 qui a concerné cinq (5) médicaments.

Réalisé par 5 inspecteurs expérimentés, le rapport a dévoilé, selon Mraïhi, l’existence d’importantes anomalies qui mettraient en doute leur efficacité et leur innocuité.

Il a, en outre, précisé que le laboratoire en question avait présenté une demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) qui nécessite des études de bioéquivalence. Il a présenté des tests considérés douteux par les évaluateurs étant donné qu’ils ont été réalisés par un laboratoire libanais non connu et ce, en une très courte période et avec des résultats en conformité totale avec les princeps.

Il a ajouté que d’autres industriels ayant eu connaissance de ces péripéties ont fait appel à leur tour aux services du laboratoire libanais pour obtenir des tests de bioéquivalence.

Devant le constat de résultats discordants et douteux, la direction de la pharmacie et du médicament (DPM)a décidé dans sa circulaire du 07 février 2019 de ne plus accepter les dossiers qui se basent sur les conclusions de ce laboratoire sans prendre aucune mesure de précaution rétrospective vis-à-vis des médicaments déjà commercialisés ce qui constitue, selon Mraïhi, une légèreté évidente dans le traitement de la question.

Il a, par ailleurs, signalé que le laboratoire Taha Pharma a continué, entre temps, à réaliser des bénéfices importants comparativement avec ses concurrents qui exercent depuis des années dans ce secteur.

Mraïhi accuse l’ancien président directeur général de la Pharmacie centrale d’être complice avec le laboratoire surtout qu’il a été nommé à ce poste à la fin de sa mission en tant que consultant du même laboratoire.

A noter qu’en réponse à Mraihi, le directeur de la promotion médicale au laboratoire Taha Pharma, Zied Lahiani, avait déclaré à l’agence TAP que le laboratoire “n’a pas reçu de rapport de la part de l’inspection médicale faisant état de violations”.

Il a émis des interrogations sur les moyens employés par Mraihi pour obtenir le rapport de l’équipe d’inspection, “un document auquel on ne peut avoir accès que sur autorisation du procureur de la République”, a-t-il dit.

Lahiani a encore indiqué que la décision du ministère de la Santé est de nature à perturber le travail des laboratoires en question “pour une période allant d’un mois à deux mois”, jusqu’à ce qu’une nouvelle inspection devant être opérée par un laboratoire accrédité par la direction de la pharmacie et des médicaments auprès du ministère de la Santé.

Il a ajouté que cette décision est de nature “à porter préjudice à l’industrie pharmaceutique locale et à remettre en cause la crédibilité des autorités nationales” chargées du contrôle des médicaments, notant que parmi les médicaments fabriqués par le laboratoire où il exerce, “les médicaments destinés au traitement de l’hépatite virale de type B ont démontré un taux d’efficacité de 97%, selon l’Observatoire national des maladies bactériennes”, a-t-il indiqué.

Lahiani a précisé que “l’activité du laboratoire est entrée en vigueur à partir de l’année 2015″, notant que le laboratoire n’a reçu de licence pour la distribution des médicaments en Tunisie qu’à l’entame de l’année 2016”.