La deuxième mouture du projet du Code des assurances préparé par le Comité Général des Assurances (CGA) est loin de plaire aux agents d’assurances qui ont considéré, mercredi, que la manière dont la réforme a été conduite ne les a pas suffisamment impliqués et le projet qui en a résulté est destructeur pour leur profession et l’intérêt des assurés.

“Ce projet menace les intérêts de 1100 PME qui emploient 5000 personnes, contribuent à raison de 60% au marché des assurances, collectent plus de 50% des primes et servent plus de 80% des assurés”, affirme Mohamed Acheb, président du Syndicat national des agents généraux d’assurances de Tunisie (SNAGAT), lors d’une conférence de presse tenue, à Tunis au siège de l’UTICA.

Acheb qui conteste le nouveau projet, tant sur le plan de la forme que celui du contenu, rappelle ” que l’étude qui a servi de base pour le projet de loi, a été unilatéralement élaborée par un cabinet étranger déconnecté des réalités du marché tunisien”.

Et de poursuivre, “après une première mouture largement contestée par les acteurs du secteur, nous avons été reçus par le CGA mais nos propositions n’ont pas été prises en compte. La deuxième mouture ne nous a carrément pas été communiquée et le CGA s’est contenté de consulter la FTUSA (Fédération tunisienne des sociétés d’assurances), malgré l’exigence faite par le ministère des finances d’élaborer un projet consensuel “.

Au niveau du fond, c’est surtout l’autorisation donnée, en vertu de ce projet de loi, à d’autres intermédiaires (banques, sociétés de leasing, banques d’affaires, sociétés de factoring, sociétés de téléphonie…), pour vendre des services d’assurances qui inquiète les agents d’assurances.

“Outre le fait qu’elle autorise des établissements non spécialisés à vendre des services d’assurances, cette mesure ouvre la voie à toutes sortes d’abus graves, tels que la vente forcée ou l’application de tarifs beaucoup plus chers que ceux pratiqués par les agents d’assurances “, souligne encore le président de la Chambre.

De son côté, Moncef Felli, secrétaire général du SNAGAT, estime que ” toute extension de l’intermédiation en assurance doit être précédée d’une étude sérieuse quant à l’impact sur les réseaux existants, surtout celui des agents, et sur les apports des nouveaux réseaux”.

Felli épingle, aussi, la disposition relative au retrait d’agrément de l’agent d’assurances dans les conditions décrites par l’article y afférent (article 75). “Une sanction disproportionnée d’une infraction très vague. Ce n’est vraiment pas sécurisant pour l’agent d’assurances ” considère-t-il.

Il fustige, par ailleurs, l’interdiction faite aux agents d’assurances de vendre certains produits à l’instar de l’assurance islamique alors que cela est permis aux courtiers, aux banques, à la poste et à tous les autres nouveau réseaux. ” Cela est inique, inefficace, et n’a aucun sens “.

Le Syndicat se dit ainsi déterminé à poursuivre sa mobilisation contre le projet de loi en question par tous les moyens légaux, tout en restant ouvert à toute proposition de concertation. Des mouvements de contestation sont aussi prévus à l’échelle régionale.