Les Tunisiens n’ont plus le même engouement pour les soldes comme auparavant. En net recul par rapport aux années précédentes la fréquentation des boutiques et magasins affichant des soldes.

L’étudiante Yathreb Ghizaoui souligne son désintérêt pour la saison des soldes, car, dit-il, “durant laquelle les commerçants ne font que ré-exposer les anciennes collections”.

Nesrine Rbii, employée dans une société privée, indique qu’elle effectue, quant à elle, ses achats durant les derniers jours des soldes pour profiter des prix les plus réduits. Elle affirme consacrer un budget de 200 à 300 dinars pour la saison des soldes.

Pour Lobna, femme au foyer, la saison des soldes est quasiment un non-événement. “Je ne fais même pas l’effort de faire le tour des boutiques car je sais d’avance qu’il n’y aura rien d’intéressant”.

Par contre, Yassine, étudiant, estime que les soldes constituent une bonne occasion pour faire de bonnes affaires.

Amal, vendeuse dans un magasin de prêt-à-porter, a souligné que “la fréquentation est très faible cette année”, ajoutant que “seule la classe aisée est capable de profiter des soldes, car les prix affichés même après réduction ne sont pas à la portée de la classe moyenne, et encore moins des catégories vulnérables”.

Le directeur du contrôle et des enquêtes économiques au ministère du Commerce, Houssem Touiti, a expliqué dans une déclaration à l’agence TAP, que “la saison des soldes constitue une occasion pour liquider des marchandises anciennes dans le cadre du renouvellement saisonnier des marchandises. Selon la loi, il s’agit d’une réduction optionnelle soumise à une déclaration préalable qui doit être déposée auprès des services du ministère du commerce, 15 jours avant le démarrage de la saison des soldes”.

S’agissant de l’actuelle saison des soldes ayant démarré le 25 janvier 2019 pour se poursuivre durant six semaines, Touiti a noté une évolution de 2% du taux de participation contre une régression de la fréquentation par rapport aux soldes d’hiver de 2018. Il a cependant considéré qu’une certaine dynamique pourrait accompagner la période des paiements des salaires.

Selon un sondage réalisé par l’Institut national de la consommation (INC), durant les soldes d’hiver de l’année 2018, seuls 34% de l’échantillon sondé ont effectué des achats durant la période des soldes, dont la majorité est composée de jeunes femmes des régions côtières. Les achats en question se répartissent entre vêtements (82%), chaussures (43%) et produits cosmétiques (9%).

65% de l’échantillon sondé n’ont effectué aucun achat durant la période des soldes faute de moyens ou de temps.

Touiti a également évoqué les dépassements qui marquent généralement la période des soldes dont le non-dépôt par les commerçants d’une déclaration préalable, l’absence du double étiquetage des prix, la non-délivrance d’une facture à l’achat…

Il a aussi souligné que certains commerçants gonflent artificiellement les prix avant les soldes, ce qui discrédite fortement les réductions affichées.

Le responsable a indiqué que pour faire face à ces dépassements, le ministère du commerce procède souvent à la saisie des marchandises des contrevenants, affirmant que 2708 pièces de vêtements ont été saisies durant les soldes d’hiver 2019.

Il a ajouté que les commerçants doivent faire des promotions pendant les 40 jours précédant les soldes saisonniers. Ceci concerne aussi la vente en ligne (environ 3% des achats se font via internet au cours de la période des soldes) et via sms” a-t-il fait-savoir.

Le directeur de l’INC, Tarak Ben Jazia, a indiqué que 40% des ventes des commerçants se font au cours de cette période.

Il a ajouté que cette activité commerciale se base essentiellement à Tunis, précisant que “les soldes sont presque inexistantes dans les régions intérieures à l’exception de certaines marques commerciales”.

Les marques les plus plébiscitées durant cette période sont les marques internationales, étant donné qu’elles renouvellent leurs stocks contrairement aux marques nationales.

Le responsable a indiqué que l’objectif des soldes est de permettre l’écoulement des stocks invendus, soulignant qu’une récente enquête menée par l’INC a montré que 52% des interviewés pensent que le mot “Solde” ou “des soldes saisonniers”, signifient la vente de nouvelles collections avec une remise des prix saisonnièrement parce qu’elles deviennent démodées et par conséquent il faut s’en débarrasser.

Par ailleurs, 29% d’entre eux font un amalgame avec le concept des marchandises de liquidité, en le considérant comme une hâte de vente des produits à des prix soldés, en prévision d’un renouvellement de l’activité du vendeur ou un changement total de l’activité.

Il est à rappeler que le ministère du Commerce compte réviser la loi régissant les soldes saisonniers et organiser une date fixe pour les soldes d’hiver et d’été.