L’augmentation du taux d’intérêt directeur de 100 points, pour passer de 6.75 à 7.75% ajoute à la charge des entreprises, bloque l’investissement et la croissance et épuise le pouvoir d’achat des citoyens, déjà détérioré, estiment des experts concernant la dernière décision de la Banque centrale de Tunisie (BCT).

Le conseil a décidé, suite à sa dernière réunion des 16 et 19 février, de majorer le taux directeur de 100 points, expliquant cette décision par “l’aggravation du déficit de la balance commerciale et les appréhensions de l’accroissement de l’inflation”. Le taux d’inflation, rappelle-t-on, s’est élevé, en janvier dernier, à 7,1%, selon l’INS.

Le professeur en sciences économiques, Ridha Chkoundali, a expliqué que la décision de la BCT est dictée par l’engagement de la Tunisie envers les politiques du FMI, qui recommande souvent l’augmentation du taux directeur des Banques centrales pour limiter l’injection de liquidités et contenir l’inflation.

L’inflation est générée par la dépréciation du dinar et non par l’abondance de liquidité

Chkoundali explique que la décision d’augmenter le TMM est basée sur un diagnostic de la BCT imputant l’inflation à une grande injection de liquidité dans l’économie sans que cette injection soit accompagnée de production.

“Ce diagnostic ne reflète pas la réalité”, a-t-il dit, estimant que la cause réelle de l’augmentation du taux d’inflation est la dépréciation du dinar face à l’euro et au dollar.

“Ceci a engendré une hausse des coûts des matières premières et des marchandises importées et aussi généré une tendance haussière et continue de la flambée des prix”.

L’Augmentation du Taux directeur n’aidera pas à contenir l’inflation, estime l’universitaire, “parce que la BCT avait augmenté ce taux 9 fois successifs, depuis janvier 2013, et pourtant l’inflation n’a pas baissé”.

D’après Chkoundali , cette augmentation aura un impact négatif sur le taux d’intérêt des crédits destinés aux ménages et ceci mènera à son tour à l’aggravation de la crise du secteur immobilier et affectera, par la suite, d’autres secteurs annexes.

“Le secteur privé sera aussi affecté par cette décision, car la hausse des coûts des crédits bancaires suffit, à elle seule, à bloquer les projets et les investissements et à réduire les opportunités d’emplois. Elle va générer aussi un recul du rythme de croissance, qui n’a pas dépassé, en 2018, 2,2% “, souligne encore l’expert.

En effet, l’UTICA avait réagi à la décision de la BCT en exprimant son mécontentement. Le patronat prévoit ainsi une augmentation d’environ 15% du coût des crédits bancaires, ce qui rendra encore difficile le financement des entreprises.

L’UTAP a aussi fait part de son inquiétude, estimant que la décision de la BCT aura un impact négatif sur les investissements agricoles et ceux de la pêche.