L’organisation Human Rights Watch (HRW) accuse des responsables tunisiens de “laxisme” dans le rapatriement des enfants tunisiens détenus dans les prisons et les camps étrangers aménagés au profit des familles des membres de Daech.

“Au moins 200 enfants pour la plupart n’ayant pas plus de six ans et 100 femmes (prétendant être de nationalité tunisienne) sont écroués à l’étranger (Libye, Syrie et Irak) sans inculpation, le prétexte étant d’être membres de familles des combattants de l’organisation terroriste”, indique Human Rights Watch.

“La plupart de ces enfants sont détenus avec leurs mamans, à l’exception de six orphelins”, explique l’ONG dans un communiqué.

Selon HRW, tous les proches des détenus interrogés ont affirmé qu’ils n’avaient reçu aucune réponse aux demandes qu’ils avaient adressées au ministère des Affaires étrangères, à la présidence de la république et à d’autres responsables pour réclamer le rapatriement des femmes et des enfants.

Les autorités du nord-est de la Syrie et de Libye ont pourtant demandé aux pays d’origine le rapatriement des femmes et des enfants, surtout qu’elles n’envisageaient pas de les poursuivre.
L’Irak a pour sa part fait la même demande, tout en s’autorisant à poursuivre les adultes et les enfants étrangers, dont certains sont âgés de 9 ans, pour leurs liens avec Daech, souvent lors de procédures qui ne respectaient pas les règles d’un procès équitable.

Contacté par le HWR, le ministère tunisien des Affaires étrangères aurait déclaré que “la Tunisie accordait une importance particulière” aux cas des enfants détenus dans ses prisons. Mais jusqu’ici, la Tunisie n’a aidé que trois de ces enfants à revenir de Libye. La Tunisie aurait également accepté de rapatrier, pour la mi-février, six orphelins vivant dans un refuge du Croissant-Rouge en Libye.

Le ministère des Affaires étrangères a fait savoir également que le gouvernement ne refoulerait pas de détenus dont la nationalité est avérée, surtout que la Constitution tunisienne interdit de dénier ou de retirer la nationalité ou d’empêcher des ressortissants tunisiens de revenir dans leur pays.

Selon le même communiqué, HRW n’a trouvé aucune preuve faisant état que la Tunisie ait refoulé des ressortissants sur les frontières. En l’absence d’une intervention tunisienne, la plupart des détenus n’ont aucun moyen de quitter les camps de détention et les prisons afin d’atteindre les consulats ou les frontières de la Tunisie.