L’affaire portée devant la justice militaire par le secrétaire général du mouvement Nidaa Tounes, Slim Riahi, selon laquelle le chef du gouvernement, Youssef Chahed, l’ancien chef de cabinet présidentiel, Slim Azzabi, ainsi que plusieurs personnalités politiques et de sécurité seraient “impliqués dans une tentative de coup d’Etat” a focalisé les interventions de plusieurs députés de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) lors des débats lundi sur le deuxième chapitre du projet de budget de l’Etat 2019 allouée au projet de budget de la présidence de la République.

Un certain nombre de députés ont également évoqué le rôle du médiateur administratif, de l’Institut national des études stratégiques et de la Haute autorité de contrôle administratif et financier de la présidence de la République.

Le député Hajar Becheikh Ahmed (bloc de l’Alliance nationale) s’est interrogée sur l’absence de réaction de la présidence de la République après les déclarations du secrétaire général de Nidaa Tounes, Slim Riahi, qui a remis en question à ses yeux “les cadres et les institutions de l’Etat”. Elle a estimé que le pays “est passé de l’instabilité à l’incurie politique”, accusant Riahi de vouloir “détourner l’attention sur les problèmes de corruption qui lui sont liés et tenter de porter atteinte à la stabilité du pays”.

A son tour, la députée Laila Hamrouni (bloc de l’Alliance nationale) a exprimé sa surprise devant le manque d’action de la présidence de la République après la déclaration de Slim Riahi qui a “soulevé une question sérieuse et était apparu sur une chaîne de télévision étrangère”.

Le député Tarik Ftiti (Bloc de Nidaa Tounes) a souligné à cet égard la nécessité de laisser le pouvoir judiciaire indépendant se prononcer sur l’affaire soulevée par Slim Riahi. Il a souligné que “les ennemis de Riahi le considéraient comme patriote lorsque ses députés rejoignaient le bloc de la Coalition nationale puis l’ont qualifiés de traître pour avoir rallié ensuite Nidaa Tounes”.

Le député Karim Helali (bloc de l’Alliance nationale) a souligné le danger d’impliquer l’institution de la sécurité de la présidence dans les tiraillements politiques.

“Le bloc de l’alliance nationale soutien l’indépendance du pouvoir judiciaire et ne se hasarde pas à porter atteinte à l’image du Président de la République et au prestige de l’institution de la présidence”, a-t-il souligné. Il a également mis l’accent sur l’importance d’allouer 80% du budget présidentiel à l’institution de sécurité présidentielle, en raison de son rôle important.

Helali a également souligné la nécessité de soutenir l’institution du médiateur administratif et de la Haute autorité du contrôle financier et administratif.

La députée Samia Abbou (Bloc démocratique) a estimé que le président de la république “assume une responsabilité dans la crise que traverse le pays ainsi que le chef du gouvernement Youssef Chahed, “après avoir volontairement désobéi au chef de l’Etat”.

La députée du Nidaa, Ons Hattab, a indiqué que certains médias tentent d’escamoter l’action de la présidence de la république”, soulignant que certaines parties “tentent de ternir l’institution de la présidence”.

Pour sa part, le député Abdellatif Mekki (bloc Ennahdha) a indiqué que la commission de la sécurité et de la défense de l’ARP avait demandé une réunion avec le président de la république à propos du livre blanc sur les forces armées et la question de la politique de défense “sans recevoir aucune réponse à ce sujet”.

Par ailleurs, il a posé des questions sur la teneur de la visite de l’homme d’affaires égyptien Naguib Sawiris en Tunisie, s’interrogeant pourquoi il avait été reçu par le chef de l’Etat tunisien.

Le député Salah Barkaoui (bloc Al-Hurra du mouvement Machrouu Tounes) a souligné “le rôle crucial de la présidence de la république en termes de diplomatie économique”. Il s’est également interrogé sur la dépendance des institutions du médiateur administratif, de l’Institut national des études stratégiques, de l’Autorité supérieure de contrôle administratif et financier avec la présidence de la république, “ce qui n’est pas compatible avec les exigences de la nouvelle constitution tunisienne”.

Emad Daimi (Bloc démocratique) a évoqué pour sa part la “crise politique que traverse le pays”, critiquant le fait que “cette lutte atteigne les institutions de l’Etat”.

“La présidence de la république se cherche, car elle n’a pas digéré les prérogatives qui lui sont dévolues par la nouvelle constitution et veut dominer et outrepasser ses pouvoirs”, a-t-il ajouté, notant que “l’évolution du budget de la présidence de 70% depuis 2014 n’est pas justifiée, sauf le droit de l’institution de sécurité de la présidence d’augmenter les salaires de ses agents”.

Le député Maher Madhioub (bloc Ennahdha) a souligné “la nécessité de ramener tous les partis et organisations sociales à la table de dialogue, car la division est devenue une menace pour la Tunisie”.

Pour sa part, le député Adnan Al-Haji (Bloc Loyauté à la nation) a évoqué dans son intervention la “liste des martyrs et blessés de la révolution”, soulignant la nécessité d’inclure les martyrs des événements du bassin minier (2008) et que la liste soit publiée dès que possible.

Hassouna Al-Nasifi (Bloc de Machrouu Tounes) a fait observer que la politique diplomatique et les relations étrangères ont rétabli le rayonnement diplomatique du pays, déplorant que “le manque d’appréciation de ce travail est dû au manque de bonne coordination entre les chefs du pouvoir exécutif (la présidence et le gouvernement)”.

Pour sa part, Zied Lakhdar (bloc du Front populaire) a indiqué que la crise politique actuelle que connait le pays “n’est pas surmontée après le dernier remaniement ministériel, au contraire de ce que croit le chef du gouvernement”.

Le total des fonds proposés dans le projet de budget de la Présidence de la République pour 2019 s’élève à 123,989 000 millions de dinars, contre 108,5 millions de dinars en 2018, soit une augmentation de 15,4 millions de dinars et un taux de progression de 14%, principalement pour les augmentations de salaires.