“Pour sortir de la situation économique actuelle, le gouvernement a opté pour des solutions traditionnelles lors de l’élaboration du projet de loi de finances 2019 (PLF)”.

C’est en tout cas ce qu’a affirmé Néji Jalloul, président de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES). Car selon lui, “le projet de loi de finances constitue un budget d’élection, puisque que le pays se prépare aux élections présidentielles et législatives de 2019”, et que le gouvernement devrait faire preuve d’audace et d’innovation

Intervenant lors d’une rencontre sur le PLF 2019, le responsable de l’ITES a indiqué que le gouvernement “œuvre actuellement à calmer délibérément la situation et à renvoyer toutes les questions importantes aux prochains gouvernements. Le problème de la Tunisie n’est pas économique mais plutôt politique et moral”.

Il a en outre estimé que le PLF 2019 dont les détails sont gardés secrets ne résoudra pas les problèmes à l’origine du déclenchement de la Révolution en Tunisie en 2011, notamment le chômage, la détérioration du niveau de vie et la hausse de l’endettement.

Une idée partagée par l’analyste économique Fathi Nouri. Pour cet expert, le PLF est un projet d’élection car il ne prévoit aucune hausse des taxes ou une réforme du système de subvention qui devrait cibler les catégories à faible revenus.

S’agissant de l’endettement extérieur, Nouri souligne que la Tunisie a besoin de mobiliser 10 milliards de dinars, dont 2,3 milliards de dinars sur le marché intérieur et 7 milliards de dinars auprès des institutions internationales de crédit, outre 890 millions de dinars des marchés financiers.

Il a rappelé que la Tunisie n’est pas parvenue à mobiliser 1 milliard de dinars budgétisés en 2018 et elle n’est pas encore sortie sur le marché international.

Pour l’expert, la situation politique actuelle qu’il a qualifiée de “pourrie” a compliqué davantage la situation en renforçant davantage la dépendance du pays au Fonds monétaire international.

Pour sa part, le président du Centre tunisien de veille et d’intelligence économique, Nafaa Ennaiffer, estime que le PLF 2019 mènera le pays vers un danger imminent, critiquant l’approche adoptée lors de l’élaboration de ce projet.

“Le gouvernement œuvre à assurer la couverture de certaines dépenses par le biais des taxes ou le recours à l’endettement”, a-t-il encore expliqué.

Il a fait savoir que la masse salariale devra augmenter, au cours de la période 2015/2019, de 50% alors que le service de la dette enregistrera une hausse de 100% pour se situer en 2019, à 9,2 milliards de dinars, contre 4,5 milliards de dinars en 2015.

Ennaiffer a souligné que la situation actuelle de la Tunisie nécessite de la part du gouvernement plus d’audace lors de l’élaboration de la loi de finances.

Selon Ennaiffer, il faut maîtriser les dépenses et stopper l’hémorragie de dépenses des entreprises publiques et les caisses de sécurité sociale.

A noter que le budget de l’Etat pour l’exercice 2019 s’élève à environ 40,7 milliards de dinars contre 37,7 milliards de dinars (chiffre actualisé), soit une hausse de 8%.

Les données statistiques relatives au budget pour l’année 2019 révèlent que le gouvernement ambitionne de limiter le déficit budgétaire à 3,9% contre 4,9% prévus pour l’année 2018.

Le taux de la dette devrait atteindre, l’année prochaine, 70,9% du PIB contre 72% attendus pour 2018.

Les ressources propres de l’Etat demeureront aux alentours de 75% en 2019.

En ce qui concerne le taux de croissance, le gouvernement table sur 3,1% contre 2,8% attendus en 2018, après son actualisation, sachant que le taux établi au moment de l’élaboration de l’actuel budget économique général était de 3%.

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