Lors de son discours d’ouverture à l’occasion de la rencontre nationale sur les grandes réformes, mercredi 11 avril, Youssef Chahed, le chef du gouvernement, n’a pas manqué d’exprimer ses regrets à propos de l’absence de l’UGTT à cet événement qu’il considère important pour le pays.

«L’UGTT est un partenaire central et nous aurions voulu qu’elle soit présente aujourd’hui car son rôle a toujours été déterminant dans la réussite de tout ce qui se rapporte aux affaires de la Nation. L’histoire de la Tunisie en témoigne, et je voudrais dire à tous ceux qui veulent que nos rapports avec la centrale ouvrière soient tendus, qu’ils ne réussiront pas leur œuvre de destruction car il s’agit là d’un associé que nous considérons incontournable dans la réussite de toute œuvre de réformes».

Le chef du gouvernement a tenu à rappeler à l’ordre tous ceux qui véhiculent l’image d’un gouvernement qui a pour seul programme économique la privatisation des entreprises publiques. «Nous sommes surpris de la capacité de certaines gens à véhiculer aussi bien de fausses informations que de faux messages. Non, l’Etat tunisien ne privatisera pas la STEG, la SONEDE, les secteurs de la santé ou de l’enseignement, nous considérons qu’ils relèvent des prérogatives de l’Etat, seul capable de préserver les intérêts des Tunisiens, mais il n’est plus non plus possible de tolérer l’existence de nombre d’entreprises publiques déficitaires et dans lesquelles nous injectons chaque année à perte l’argent des contribuables. A ce propos, les réformes s’imposent et nous les ferons, nous oserons les engager».

Youssef Chahed a aussi parlé du dossier de la compensation, assurant que les classes modestes en bénéficieront toujours. Il a insisté sur l’importance de l’approche participative et sur le fait que le gouvernement reste ouvert à toutes les propositions constructives venant de toutes parts : partenaires sociaux, partis politiques, médias et experts économiques.

Une approche participative prônée aussi par Abdelmajid Ezzar, président de l’UTAP, et tous les acteurs publics et privés concernés par le sauvetage de l’économie nationale.

Encore faut-il que ce process réussisse ! 

“S’agissant des agriculteurs, 10% seulement bénéficient de la couverture sociale, non pas parce qu’ils n’en ont pas la possibilité mais parce que le système existant ne le permet pas», a tenu à préciser Ezzar.

Samir Majoul, président de l’UTICA, a attiré l’attention sur les risques encourus sur la désintégration de l’appareil productif de l’économie nationale au cas où on ne procède pas à des réformes structurelles.

«Nous déplorons la marginalisation des propositions de la centrale patronale lors de l’élaboration de la loi des finances. Nous avions, en 2015, suggéré un plan de dynamisation de l’économie basée sur le développement et la libéralisation des investissements. Un plan soutenu par 26 organisations et institutions représentant le secteur privé dans notre pays. Le plus grand danger qui guette l’Etat est le déséquilibre des finances publiques. Il ne s’agit pas à chaque fois d’alourdir les charges des entreprises par de nouvelles taxes».

Le président du patronat a insisté sur l’importance de procéder aux réformes en commençant par les priorités, dont la restructuration des entreprises publiques et le traitement en profondeur de la problématique du déficit des caisses sociales.

Nous y reviendrons.

Amel Belhadj Ali