ARP-Débats sur la situation générale dans le pays : Les députés critiquent le chef du gouvernement pour avoir “passé sous silence” la guerre contre la corruption

Les députés ont critiqué le chef du gouvernement Youssef Chahed pour avoir “passé sous silence” la lutte contre la corruption dans son intervention à l’ouverture de la plénière de l’ARP vendredi.

La plupart des députés ont mis l’accent lors de la séance de l’après-midi de dialogue avec le chef du gouvernement portant sur la situation générale dans le pays, sur la nécessité d’assurer la stabilité comme condition à la sortie de la crise et d’écarter tout ministre ou responsable n’ayant pas un projet.

Le député Sahbi Atig d’Ennahdha a estimé qu’on “ne peut surmonter la crise en changeant de personnes mais en assurant la stabilité politique”, tout en relevant que le chef du gouvernement n’a pas évoqué la guerre contre la corruption, l’incitant à ne pas faire machine arrière dans cette bataille “qui constitue une des clés de réussite du gouvernement”.

De son côté, le député indépendant Noureddine Ben Achour a indiqué que le pays “est préparé à l’instauration de la décentralisation par le biais des élections municipales”, ne cachant pas toutefois la désaffection des citoyens pour le scrutin municipal.

Il a déploré que le chef du gouvernement sort de sa neutralité en mettant l’accent sur son appartenance au parti Nidaa Tounes, estimant qu’il est le chef du gouvernement de tous les tunisiens “non un parti ou un clan”.

Pour sa part, le député Ibrahim Ben Said (bloc démocratique) a considéré le discours du chef du gouvernement une plaidoirie pour solliciter la confiance du parlement, critiquant le rappel par Youssef Chahed de son appartenance à Nidaa Tounes et rappelant “le sort réservé au gouvernement de Habib Essid”.

Le député Ridha Dallai (bloc démocratique) a estimé que le discours du chef du gouvernement “divise les Tunisiens alors que le pays a besoin de stabilité pour pouvoir surmonter la crise”.

Il s’est interrogé sur les raisons pour lesquelles le chef du gouvernement a omis de parler de la guerre contre la corruption et “si c’est cela le prix à payer pour son maintien à la tête du gouvernement”.

Houda Slim (Machrou Tounes) a critiqué l’équipe qui compose le gouvernement, affirmant que son parti “parie sur Chahed et s’attend qu’il forme un gouvernement de technocrates nationaux coupant cour avec les partis et les allégeances”.

De son côté, le député Abdelmoemen Ben Anes (Bloc du Front Populaire) a mis en garde contre les forces “qui s’emploient à faire taire l’opposition et empêcher le peuple d’exercer son droit à la protestation”. Il a estimé que la crise du pays “ne peut être imputée aux prestations négatives du gouvernement ou au régime électorale mais aux orientations du gouvernement”.

La députée indépendante Bochra Bel Haj Hamida a regretté le rythme lent de l’administration “qu’il importe de lui trouver des solutions”, appelant à la destitution de tout responsable ou ministre “sans projet”.

Elle a critiqué les partis formant la coalition au pouvoir ainsi que l’opposition, estimant que ces partis “n’ont pas de feuille de route pour sortir le pays de la crise alors qu’elle critiquent le gouvernement sans vrais alternatives”.

Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a assuré dans son allocution prononcée dans la matinée que son gouvernement a pris toutes les mesures nécessaires pour tenir les élections municipales à la date prévue (6 mai 2018) et poursuivre les réformes annoncées dans tous les domaines.

Il a fait savoir que “certaines parties” qu’il s’est abstenu de nommer, s’opposent à la tenue de cette échéance électorale. D’autres parties, affirme-t-il, croient en la transition démocratique et à la concrétisation du chapitre 7 de la Constitution pour la mise en place du pouvoir local.

Les mêmes parties qui rejettent le scrutin municipal, craignent que ses résultats ne portent un coup dur à leurs ambitions politiques et veulent esquiver cette échéance électorale, a-t-il soutenu.

Des parties vont jusqu’à avoir de la nostalgie pour la dictature et l’exclusion et ont pour programme de faire échouer le processus démocratique et peut-être même réinstaurer les affres de la dictature, relève-t-il.

D’autres parties, a-t-il encore poursuivi, craignent que la guerre contre la corruption ne les implique et voient en le gouvernement d’union nationale une menace pour les corrompus.

“Toutes ces parties qui ne croient pas à la légitimé électorale ni à la démocratie et qui misent sur la disparition de certains partis politiques dont Nidaa Tounes, sur l’échec et le départ du gouvernement ainsi que sur l’annulation du scrutin municipal, font des calculs voués à l’échec”, a-t-il lancé. Car, a-t-il assuré, “malgré les difficultés, les Tunisiens sont attachés aux acquis de la révolution, à la démocratie, à la liberté et à l’Etat civil”.