Au cours de sa première conférence de presse, depuis sa nomination à la tête de la Banque centrale de Tunisie, Marouane El Abassi n’a pas mâché ses mots: «les indicateurs actuels font peur», a-t-il martelé devant les médias.

Pour l’équipe de la Banque centrale, la guerre est surtout une guerre contre l’inflation, qu’il faudrait arriver à maîtriser au plutôt, et la récente importante augmentation du taux directeur de 5% à 5,75% cible essentiellement la canalisation de l’évolution de ce taux d’inflation.

Cette politique de taux permettra-t-elle de résoudre seule le problème de l’inflation? Sûrement pas, concèdent les dirigeants de la Banque centrale, entre l’inflation importée, l’évolution du cours du pétrole sur le marché international, par exemple, le cours de change du dinar; mais également les mesures prises récemment par la loi de finance 2018 en matière fiscale et douanière (augmentation du taux de TVA, des droits de consommations, des droits de douanes) impactent directement l’évolution de l’inflation.

On rappellera que le taux d’inflation est passé de 6,4% en décembre 2017 à 7,1% en février 2018, contre 4,6% seulement en février 2017 et contre une moyenne de 3,7% en 2016.

Pour l’année 2018, les analystes de la Banque centrale de Tunisie tablent sur une inflation moyenne de 7,2%.

La mesure de l’impact de l’augmentation du taux directeur sur l’inflation ne pourrait se faire qu’au terme d’une période de 6 à 8 trimestres, soulignent les responsables de la BCT.

Taux Directeur – TMM – Inflation

Les autres indicateurs qui font peur au nouveau gouverneur de la Banque centrale, c’est le niveau atteint par le déficit de la balance commerciale et par le niveau historique atteint par le déficit courant (10% du PIB), notamment par le déficit du commerce extérieur impacté par la chute des revenus du phosphate et du tourisme, contre la poursuite de l’augmentation des coûts des importations. Sur ce sujet, il a clairement laissé entendre que des mesures devraient probablement être prises pour encadrer l’importation et la sortie des devises.

El Abassi a rappelé qu’actuellement les avoirs en devises sont passés en dessous des 80 jours (*) et qu’une sortie sur le marché internationale, avant fin du mois de mars, s’impose. A la BCT on estime que la Tunisie ne devrait pas avoir de difficultés à lever des fonds sur le marché international mais qu’elle devrait le faire au plutôt pour profiter d’une disponibilité de liquidités sur le marché international.

Au vu de la gravité de la situation des finances et de l’économie du pays, Marouane El Abassi a martelé qu’il n’y aura pas de sortie de crise sans une mobilisation et sans que les Tunisiens ne se remettent au travail, ajoutant «qu’il n’est plus possible de se mettre en état de ralenti au mois de Ramadan et de vouloir profiter de la période estivale et vouloir en même que les choses s’améliorent».