L’UTAP ne dit pas non à l’ALECA, mais conditionne son acceptation

Le membre du bureau exécutif de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP) chargé de la coopération internationale et du commerce extérieur, Abdelkhalek Ijlani, a souligné que l’organisation agricole ne refuse pas catégoriquement la libéralisation du secteur agricole dans le cadre de l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) avec l’Union européenne (UE), mais demande l’examen des répercussions attendues de cet accord sur l’agriculture tunisienne.

Ijlani a souligné, mercredi, à l’occasion d’un atelier organisé par la Fondation Rosa Luxemburg avec le concours de l’UTAP dans le cadre de la 13ème édition du SIAMAP 2017 la nécessité d’approfondir les études scientifiques et économiques concernant l’ALECA et de faire preuve de pondération afin de prendre une décision servant l’intérêt de l’agriculteur tunisien. Il a mis en garde contre la non participation de la profession et de l’agriculteur à un dossier d’une extrême importance pouvant, selon lui, impacter l’avenir de l’agriculture tunisienne.

Et d’ajouter que les spécificités de l’agriculture tunisienne sont son caractère familial et son incapacité à s’ouvrir directement sur le marché européen qui compte environ 500 millions d’individus et dispose d’une agriculture moderne.

Il a également rappelé la petite taille de l’exploitation agricole en Tunisie dont la moyenne est de 7 hectares (ha) et que 60% des agriculteurs sont analphabètes, outre le déficit hydrique qui menace continuellement l’actitivté agricole en Tunisie.

De son côté, le professeur d’économie et membre du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) Abdejalil Bédoui a mis en garde contre le danger que constitue l’ALECA et ses répercussions négatives sur l’agriculture tunisienne.

Il a rappelé, dans son intervention, que la même expérience a eu lieu entre le Mexique et les USA et a eu, selon ses dires, des effets désastreux.

Bédoui a fait relarquer que selon les estimations mondiales, la demande en nourriture et fourrages animaliers doublera à l’horizon de 2030, outre l’accroissement de la demande sur les différentes variétés de viandes de 104% et l’augmentation de la demande en lait de 82%.

Le conférencier a souligné que la Tunisie doit maîtriser sa production, critiquant en même temps l’importation par la Tunisie de son aliment de base, à savoir les céréales.

Il a évoqué les résultats de l’Accord de partenariat entre la Tunisie et l’UE signé depuis 1995, qu’il a qualifié d’inéquitable et n’a été d’aucun apport pour le modèle de développement tunisien.

Selon lui, l’UE a mis l’accent sur la croissance au lieu du développement, affirmant que celle-ci n’a pas dépassé 5% et n’a pas impacté les activités susceptibles de l’impulser.

Le représentant du ministère du commerce, Nabil Arfaoui a mis en exergue les dangers de l’ALECA, expliquant que la Tunisie s’attache dans le cadre de cet Accord à certains principes dont la période de 15 ans nécessaires à la préparation du secteur agricole, recommandant, cependant de considérer l’ALECA comme un accord ouvrant des perspectives prometteuses pour le secteur agricole tunisien, d’autant que la pluoart des accords commerciaux conclus entre la Tunisie et plusierus pays ont excepté l’agriculture.

Les produits agricoles tunisiens, a-t-il dit, connaissent des difficultés d’accès aux marchés européens en raison du taux des tarifs douaniers qui dépasse 14%.

Au sujet de l’évaluation de l’accord de partenariat Tunisie -UE Arfaoui a fait savoir qu’un bureau d’études spécialisé a récemment été chargé de réaliser cette évaluation et d’examiner les répercussions de l’ALECA sur le secteur agricole.

Les participants à l’atelier ont notamment appelé à faire participer la société civile tunisienne lors du démarrage officiel des négociations avec L’UE concernant la libéralisation de l’agriculture.