Tunisie : Les trois commandements de Tarak Chérif pour la relance économique

Remettre d’aplomb le pays sur le plan économique et financier nécessite, selon le président de la CONECT, la réforme de l’administration pour la dégraisser, la rationalisation des dépenses publiques et le désengagement de l’Etat des secteurs concurrentiels.

Le diagnostic est, à l’accoutumée, sans concession. Lundi 16 janvier 2017, Tarak Chérif, président de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT), a réitéré son analyse de la –difficile- situation économique et financière du pays: un taux de croissance inférieur à 2% (donc insuffisant), un endettement de 70% du Produit Intérieur Brut (soit le double de ce qu’il était en 2011), un dinar en baisse et dont la chute va se poursuivre «en raison des problèmes actuels et entraînant de ce fait une aggravation de l’endettement libellé à 80% en devises», un budget de l’Etat (de 32 milliards de dinars) consacré à 70% aux salaires et à la Caisse de compensation.

Malgré ce tableau clinique économique et financier peu reluisant, l’économie, en général, et les entreprises, en particulier, ont prouvé leur «capacité de résilience», se félicite le président de la CONECT. Qui insiste néanmoins sur la nécessité de renverser la vapeur et de changer la situation. Et cela passe, rappelle Tarak Chérif, par la pérennisation et le développement des entreprises –tunisiennes et étrangères- existantes et la création de nouvelles «pour avoir une croissance inclusive, créer plus de richesses à partager de la manière la plus équitable».

Primo, réformer l’administration

Le président de la CONECT recommande trois actions afin d’atteindre cet ambitieux objectif et ne craint pas, ce faisant, d’être «politiquement incorrect».

La première de ces actions est la réforme de l’administration. «On ne peut plus continuer à avoir le même nombre de fonctionnaires et cette masse salariale», analyse M. Chérif. Qui n’appelle toutefois pas à procéder à des licenciements pour alléger l’un et l’autre. «On ne licencie pas. On restructure et on affecte les fonctionnaires en surplus aux administrations qui sont en sous-effectif, notamment dans les régions», qui, en raison de la décentralisation, vont avoir besoin de plus de moyens humains.

Secundo, rationnaliser les dépenses publiques

Deuxième recommandation du président de la CONECT: la rationalisation des dépenses publiques «parce que nous avons un grand problème de budget». Pour ce faire, il va falloir changer de mentalité et cesser de vouloir «que l’Etat fasse tout, alors qu’il n’en a plus la capacité» et développer le partenariat public-privé.

Tertio, l’Etat doit se désengager des secteurs concurrentiels

Troisième action nécessaire pour une relance de la machine économique, le désengagement de l’Etat des secteurs concurrentiels. «On ne peut plus continuer à avoir des entreprises publiques dans des secteurs concurrentiels auxquelles l’Etat accorde tous les ans un chèque pour compenser leurs pertes», tranche le président de la CONECT. Ce disant, Tarak Chérif pense en particulier au secteur bancaire et trouve insensé, anormal et sans intérêt que l’Etat ait des participations dans 14 établissements bancaires. «On a peut-être besoin d’une grande banque, le reste il faut le vendre à travers la Bourse de Tunis».

Pour pouvoir remonter la pente rapidement, ces actions doivent être engagées «dans les plus brefs délais», souligne Tarak Chérif.