Ainsi vivent les Tunisiens, tel qu’ils sont décrits dans le palmarès des media pour l’année 2016, de l’Open Sigma. Le matin, ils sont collés à la radio, et le soir branchés télé. Et entre les deux, le vide sidéral. Le Day time n’existe toujours pas dans le paysage audio visuel tunisien (PAT).

Classement des radios

C’est Mosaïque FM qui pulvérise tous les records. Elle clôture l’année 2016 avec un pic de 1,3 million d’auditeurs -et au courant de janvier 2017 elle saute à 1,5 million. Mosaïque trône loin devant la concurrence.

En deuxième position arrive radio Zitouna, qui est sur une pente glissante et qui dégringole de 620.000 auditeurs à 570.000 pour les mêmes dates.

Radio Shems vient en troisième position avec 493.000 et 400.000 auditeurs. Pour Shems, un début d’explication serait dans le fait qu’elle est sous contrôle judiciaire car relevant du patrimoine des BAT –Ben-Ali-Trabelsi.

La radio nationale vient loin derrière et elle est à comparer aux radios régionales qui se sont bien incrustées dans le paysage médiatique et qui défendent leur bout de gras, becs et ongles, dehors. D’ailleurs, Jawhara (Sousse) et Oxygène (Bizerte) s’illustrent bien.

La bataille rangée des chaines télé

Nessma, avec 29,9% de part d’audience, arrive première. Cependant, elle n’est jamais parvenue à se mettre nettement en pointe devant la concurrence, et sa direction a parfois contesté les mesures d’audience. En l’occurrence, elle est challengée par El Hiwar qui réalise 29,2%.

Hannibal arrive en troisième position avec 20,1%. Wataniya, sauvée essentiellement par son JT de 20H, fait un score de 18,5%. Toutefois, elle est rattrapée par Nessma qui diffuse un feuilleton lequel parvient à parasiter le 20H de Wataniya 1. Et à ce pic de prime time, Nessma fait 12,9%, nivelant l’audience de Wataniya 1 la ramenant à 12,7%. C’est donc une bataille rangée entre les chaines.

A présent que les grilles se sont standardisées (Talk-show, JT, feuilletons), le zapping se ralentit, l’audimat se concentre sur les chaines nationales, marginalisant les satellitaires du Moyen-Orient et d’ailleurs : Al Jazeera s’éclipse, France 24 prend sa place, National Geographic et NBC sont à la traîne.

Investissement publicitaire

Par conséquent, le magot publicitaire est à partager entre les nationaux. L’année 2016 ne se démarque pas de la précédente, et l’investissement publicitaire est resté le même à 220 millions de dinars. Les principaux budgets publicitaires sont Ooredoo (21 MDT), Tunisie Telecom (15,9 MDT), puis Orange avec 11,1 MDT. Mais la surprise vient de Délice Danone qui, avec 9,4 MDT, est au double de la SFBT qui est à peine à 4,1 MDT. C’est donc l’alimentaire et les télécoms qui animent la scène, autrement dit le profil méditerranéen qui prime: les plaisirs de la table et la causette. On relève quelques anomalies, toutefois, par rapport à la règle d‘usage qui veut Share of spend, share of market.

Radio Mosaïque fait 14 MDT de recettes publicitaires, Jawhara réalise 8 MDT, IFM est à 6 MDT, Shems environ 3,7 MDT et Express, malgré une audience assez réduite, réalise tout de même des recettes de 2,5 MDT.

Autant la radio et la télé préservent leur part de marché, le flottant est partagé entre la presse écrite -qui décline régulièrement- et l’Internet qui réalise une percée discrète mais régulière.