Entreprise : L’IACE engage la bataille de la diversité du genre

Conformément à sa tradition d’être en première ligne sur les thèmes cruciaux touchant à la vie de l’entreprise, l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) ouvre un nouveau front, celui de la diversité du genre. «Une question complexe», souligne Ahmed Bouzguenda, président de l’IACE, en ouvrant le premier forum de diversité du genre, jeudi 22 décembre 2016. Qui insiste sur l’importance de la mobilisation sur ce thème, pour deux raisons.

D’abord, la diversité du genre est, observe M. Bouzguenda, «devenu un outil de performance au sein des entreprises, et pas seulement juridique. Il en va de (leur) compétitivité dans un monde globalisé». D’ailleurs, «la progression est plus grande dans les pays ayant progressé dans la diversité du genre», dont le Rwanda.

La Tunisie en bas du tableau…

Ensuite, parce que la Tunisie est très en retard dans ce domaine essentiel et a par conséquent encore du chemin à faire pour se rapprocher des meilleures pratiques dans le monde. En effet, alors que le Rwanda figure dans le Top five du Global Gender Gap Index 2016, élaboré par le World Economic Forum, la Tunisie figure dans le bas du tableau (126 sur 144).

La Tunisie recule en particulier en matière d’accès des femmes à l’emploi, note le président de l’IAC. En effet, alors qu’elles représentent 60% de la population des diplômés du supérieur (39.000 sur 58.000), les femmes ne comptent que pour 26% de la population active (3.425.100).

Seulement 10% du Top management…

Une enquête menée par l’IACE auprès d’un échantillon de 300 entreprises jette une lumière crue sur cette réalité. Elle nous apprend d’abord que les femmes ne représentent que 10% du top management (PDG, DG et DGA) et 16% de celle des cadres des services administratifs.

L’enquête démontre ensuite que la situation n’est pas près de changer en raison de la mentalité et des pratiques en vigueur. Ainsi, lorsqu’on leur demande si elles exigent le genre (homme/femme) du profil recherché dans leurs offres d’emplois, les entreprises qui affirment le faire souvent et/ou toujours représentent moins de la moitié de l’échantillon (43%); les autres ne donnant cette indication que rarement (11%), de temps en temps (21%) ou jamais (25%).

De même, le genre est le dernier des critères intervenant dans le recrutement après, dans l’ordre, le diplôme/formation, l’expérience, la maîtrise des langues, le lieu de résidence et l’âge.

Discrimination salariale…

Le salaire est également un élément de discrimination dont pâti la femme. Celle-ci a été mesurée à travers l’Equal Pay Day, un outil que la Tunisie est le pays arabe à utiliser, souligne Majdi Hassen, conseiller-directeur exécutif de l’IACE. L’Equal Pay Day c’est «le jour jusqu’auquel une femme doit travailler en moyenne pour obtenir le même salaire qu’un homme qui aurait travaillé jusqu’au 31 décembre».

Ainsi, cet outil nous révèle que la femme gagne en moyenne 85,6% du salaire d’un homme et qu’elle devra travailler jusqu’au 22 février pour atteindre la parité avec l’homme en matière de paie.

Problème culturel…

Bref, «si tout le monde convient de la nécessité d’une plus grande diversité des genres, la mise en œuvre est plus compliquée», observe Ahmed Bouzguenda. Et le problème est notamment culturel, estime Hildegard VOGELMANN, directrice du Programme Régional «EconoWin» de la GIZ, qui a choisi l’IACE comme partenaire pour sa mise en œuvre en Tunisie.

L’IACE, lui, n’a plus ce problème puisque le corps de ses employés est constitué à 85% de femmes, se félicite Majdi Hassen. Qui formule le vœu que l’IACE fasse à l’avenir des progrès en matière de diversité du genre au niveau de son comité directeur qui ne compte qu’une seule femme sur un total de 21 membres.

MM