L’inflation allemande ralentit, mauvais signe pour la zone euro

7c595cb10a73a92f21d824523def5cda73f9b90e.jpg
çante de Stuttgart, le 29 novembre 2014 (Photo : Michael Latz)

[05/01/2015 14:29:12] Berlin (AFP) L’inflation en Allemagne a fortement ralenti en décembre, s’établissant à 0,2% sur un an, sous l’effet d’une chute des prix du pétrole, selon un chiffre provisoire publié lundi, nourrissant les craintes d’une déflation en zone euro et les attentes d’une rapide intervention de la BCE.

L’évolution des prix à la consommation dans la première économie européenne n’avait pas été aussi faible depuis octobre 2009, quand l’inflation était nulle, a souligné l’Office fédéral des statistiques (Destatis). En novembre, l’inflation sur un an avait été de seulement 0,6%.

Sur l’ensemble de l’année, les prix à la consommation ont limité leur progression à 0,9% en moyenne annuelle, contre 1,5% en 2013.

Vu son poids dans l’évolution des prix en zone euro, dont le chiffre pour décembre sera à son tour dévoilé mercredi, l’inflation allemande est un indicateur très suivi par les marchés. Ceux-ci redoutent que le Vieux continent cède à une déflation et son cercle vicieux de ralentissement des investissements et de la consommation.

e066d0e5d0f52ff31e80fd41fbd91393a73de2da.jpg
ère Angela
Merkel donne une conférence de presse à Athènes, le 4 janvier 2015 (Photo : Kostas Tsironis)

Après une faible inflation à 0,3% en zone euro en novembre, “le chiffre de mercredi (pour décembre, ndlr) pourrait être négatif pour la première fois depuis octobre 2009”, anticipe Jennifer McKeown, économiste chez Capital Economics. “Un tel développement rendrait certainement irrésistible la pression pesant sur la BCE pour procéder dès sa réunion de janvier à un assouplissement quantitatif”, soit des rachats d’actifs visant à redynamiser la conjoncture”, ajoute l’économiste.

Les données allemandes de lundi “accentuent le mal de tête de la BCE”, ironise Carsten Brzeski, économiste chez ING.

Les marchés spéculent depuis plusieurs semaines sur une possible nouvelle action d’envergure de la BCE pour relancer la très faible dynamique des prix dans la région.

Ces spéculations se sont encore récemment accrues, quand le président de la BCE, Mario Draghi, a déclaré vendredi au quotidien allemand Handelsblatt que s’il était “limité”, le risque de déflation en zone euro n’était “pas exclu”.

– L’essence moins chère –

Utilisé comme référence par la Banque centrale européenne (BCE), l’indice des prix harmonisés à la consommation (IPHC) s’établit pour l’Allemagne à + 0,1% en décembre sur un an, soit bien loin de l’objectif affiché de l’institution monétaire de Francfort de maintenir l’inflation sous mais proche du seuil de 2%.

Destatis calcule une première estimation de l’inflation allemande en se basant sur les données de six Etats régionaux. Le chiffre définitif pour décembre sera publié le 16 janvier, mais celui-ci se révèle très fréquemment identique à la donnée provisoire.

Ces données, combinées à des cours du pétrole toujours en pleine dégringolade, n’ont pas plu à la Bourse de Francfort, dont l’indice vedette Dax s’enfonçait de 1,37% vers 14H15 GMT.

En Allemagne, “la raison à cette faible pression des prix est rapide à trouver: la chute des prix du pétrole”, résument les analystes de HSBC, rappelant que cela est de nature “à réjouir les consommateurs allemands, qui voient leur pouvoir d’achat se renforcer”.

En effet, les prix de l’énergie dans leur ensemble ont diminué de 6,6% en décembre. Et les données régionales sont encore plus explicites. Par exemple, en Saxe (est), où l’inflation s’est limitée à 0,5%, le prix du fioul de chauffage a reculé de 23,4% sur un an, tandis qu’en Rhénanie-du-Nord-Westphalie (ouest), le prix des carburants a diminué de 14,9% par rapport à décembre 2013 pour une inflation globale de 0,1%.

L’affaiblissement de l’inflation s’explique aussi en partie par une alimentation plus abordable, dont, à l’échelle nationale, les prix ont diminué de 1,2%, toujours selon les premières estimations de Destatis. Ainsi, dans le Bade-Wurtemberg (ouest), où les prix à la consommation ont grignoté seulement 0,1% dans leur ensemble, le prix des concombres a reculé de 36%, celui des pommes de terres de 29% et celui du beurre de 16,8%.