L’externalisation s’épanouit en Bulgarie, pays le plus pauvre de l’UE

7c80eee3b5f84696f8f44b31c7f68118298cd755.jpg
à Sofia, en Bulgarie, le 8 août 2014 (Photo : Nikolay Doychinov)

[08/08/2014 15:35:04] Sofia (AFP) Beaucoup de main d’oeuvre qualifiée, une économie locale en berne: la Bulgarie, pays le plus pauvre de l’Union européenne, s’affirme parmi les destinations de choix pour les entreprises en quête d’externalisation.

La croissance annuelle du secteur a oscillé entre 20 et 25 % ces dernières années, et ce sans bénéficier d’un traitement préférentiel de l’Etat, souligne l’association bulgare d’outsourcing. Son chiffre d’affaires de plus d’un milliard de leva (500 M EUR) constituait 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2013.

Après un début timide il y a 15 ans, l’ancien pays communiste a gagné sa place dans les technologies de l’information, les centres d’appel et de relations avec la clientèle, la comptabilité, le développement de logiciels, le support technique et le traitement de données. Cela l’aide à retenir une partie de sa jeunesse tentée par l’expatriation.

L’outsourcing – c’est-à-dire le fait, pour une entreprise, de confier à une autre entreprise une partie des tâches qu’elle accomplissait précédemment elle-même -, emploie en Bulgarie 22.000 personnes, qui travaillent dans une vingtaine de langues en plus de l’anglais.

La formation est la clé de ce succès. “La Bulgarie est au 3e rang mondial pour le nombre d’ingénieurs en logiciel, et au 1er pour le nombre d’informaticiens par habitant”, rappelle ainsi le vice-ministre de l’Economie, Krassin Dimitrov.

Le petit pays balkanique peut s’appuyer sur un réseau étoffé d’universités techniques de bon niveau, dans lesquelles l’enseignement a souvent lieu en langue étrangère. Le réseau internet est également de bonne qualité.

– Potentiel de croissance –

Dans un pays où le chômage des jeunes s’élève à 26%, et où l’expatriation est considérée comme un réflexe évident par une partie des jeunes diplômés, le secteur de l’externalisation a une vocation naturelle à croître encore.

“La demande pour ce type de services est en train d’augmenter, et nous pouvons doubler ou même tripler les embauches dans les deux ou trois prochaines années”, affirme Stefan Boumov, président de l’association bulgare d’outsourcing.

7d2b8bb57dc50f012583324c35e9d51885b8e631.jpg
à Sofia, la capitale bulgare le 8 août 2014 (Photo : Nikolay Doychinov)

Son entreprise, Sofica Group, a commencé avec 30 employés en 2007 pour devenir la plus grande société bulgare d’externalisation, employant 900 personnes. Elle a été acquise en mars dernier par l’américain Teletech.

Le suisse Adecco, les américains IBM, Sutherland et HP, qui dispose d’un centre de services régional, le français Ipsos et le canadien Telus sont également présents, tout comme Coca Cola, qui a ouvert dès 2005 à Sofia un centre de service back office desservant actuellement 26 pays.

L’Inde occupe traditionnellement le premier rang des destinations d’externalisation, devant ses concurrents asiatiques que sont la Chine, la Malaisie, la Thaïlande, l’Indonésie ou les Philippines, selon le dernier classement de A.T. Kerney. La Bulgarie occupe le 17e rang mondial, ce qui fait d’elle l’un des champions européens au côté des pays baltes.

– Pénurie de main d’oeuvre –

L’économiste d’Industry Watch, Gueorgui Stoev, note le bon niveau des salaires pour ceux à la recherche d’un premier emploi. “Les salaires sont de 40-50% plus élevés à la moyenne mensuelle du pays qui se chiffre à 400 euros. Les meilleurs experts en informatique peuvent gagner jusqu’à 3000 euros”, dit-il.

L’effervescence du secteur a cependant conduit à une pénurie de personnel, les sociétés s’arrachant les experts en informatique, dont de plus en plus trouvent un meilleur emploi à l’étranger.

Les cadres moyens et supérieurs sont particulièrement difficiles à trouver, indique Ivan Roussev de la société française Ipsos.

Certaines sociétés, telle Hewlett-Packard, travaillent avec les universités en vue d’une formation mieux appropriée à leurs besoins.

M. Stoev suggère l’établissement dans les villes universitaires de province de certains centres d’externalisation, actuellement concentrées à Sofia, pour combattre le chômage et retenir les jeunes dans le pays.