Une production littérature en constante fécondité, un triomphe au bilinguisme, des progrès en diversité. ‘’Gloire au livre et bienheureux les lecteurs, curieux du Gai savoir’’ (sic).

Samedi 4 mai, en soirée, était célébrée la 28 ème édition des ‘’Comar d’Or’’, au théâtre municipal de Tunis. En hommage aux organisateurs, on dira qu’ils ont eu une vision marathonienne. En effet, ils n’ont pas manqué de souffle et l’évènement prend une dimension de fête nationale. Il faut bien reconnaitre que le pays, en avance sur le calendrier agricole, rentrait une récolte avant la moisson. Six prix ont été décernés. Et les présidents de Jury, Ridha Kéfi, pour la langue française et Mohamed Kadi, pour la langue arabe, dans l’attente que l’on institue un prix de philosophie,  d’exulter : ‘’Hymne à la promotion du roman tunisien, hymne à la joie’’. Ali Bécheur, décédé au mois d’avril dernier, grand avocat et éminent littérateur, triple récipiendaire, serial tête couronnée,  du Comar D’or, le 1er en 1997 à la toute première édition puis en 2006 et 2018 reçut un bel hommage posthume à la hauteur de son aura personnelle ainsi que de la qualité de son legs littéraire.

Le palmarès de la gloire

Nous risquons pour notre part une réflexion audacieuse. De tous les actifs hors bilan de la Compagnie d’assurances Comar, les prix littéraires sont leur premier levier de Goodwill. Bravo ! cependant pour laver l’honneur de ses dirigeants nous nous devons de rappeler que leur initiative est totalement patriotique et entièrement désintéressée. Re Bravo ! Va pour Azza Filali !Son parcours littéraire engagé, incisif, militant, créatif, novateur lui pavait la voie. ‘’Malentendues’’ lui a rapporté le ‘’Comar Dor’’ de littérature de langue française. Mais qui pouvait imaginer que Sahbi Karaani, professeur de mathématiques, basé  en France ! pouvait être  aussi doué à l’écrit selon les membres du Jury et subtil à l’oral et de cela nous en sommes témoins. ‘’Les carnets de Jilani ould Ahmed’’, pourtant, son premier ouvrage, normalement éligible au prix ‘’Découverte’’ pouvait subjuguer le Jury au point de lui décerner le Comar d’Or de langue arabe. On ne peut décrire le bonheur des jeunes pousses récipiendaires des prix ‘’Découvertes’’. Les louanges de présidents de Jury à l’adresse de Atef Ghadoumi Prix découverte de langue française pour son ouvrage ‘’Pour qu’il fasse plus beau’’ ainsi que de Chaker Nacef pour son roman ‘’Le trône des déments ’’, Prix ‘’Découverte’’ de langue arabe prenait la forme d’un oracle au succès. Last but not least, le cru du prix spécial du Jury était euphorisant. ’’Fleurir’’ de Wafa Ghorbel, en langue française outre qu’il soit de saison doit annoncer pour son auteure un printemps de succès. Kalthoum  Ayacha pour son essai, en langue arabe dont le titre est difficile à traduire lequel serait une compilation de réflexions diverses autour des aléas de l’existence méritait selon le président de Jury la mention de l’enchantement littéraire.

Au cœur de la littérature et au cœur de l’universalisme

Le plan où l’on voit Moncef Boukthir, ministre de l’enseignement supérieur et ministre de la culture par interim, heureux hasard, entouré de Azza Filali ainsi que Sahbi Karaani est un moment à retentissement historique. Pardonnez mon emportement lyrique devant une Tunisie, en plein tumulte d’un chantier démocratique qui n’en finit pas de se réinventer qui célèbre avec panache les belles lettres et à la fois la diversité. Et par-dessus tout le bilinguisme levier de l’universalisme. La joie des présidents de Jurys dans la description de l’avancée littéraire des talents tunisiens est indescriptible. Par crainte de préciosité ou de pédantisme nous avons tu le qualificatif ineffable lequel sied à la circonstance. La bonbonnière* était drapée du lustre de Baghdad, berceau de l’écriture, de l’agora de la porte d’Attale d’Athènes, ou du quai Conti siège de l’Académie française. Du reste les ambassadeurs de ces trois pays auraient complété le panorama. A ce carrefour méditerranéen la Tunisie a brillé à l’occasion du Comar D’or de mille feux et de sa fibre universaliste. ‘ ’Gloire au livre et bienheureux les lecteurs curieux de Gai savoir’’ était la chute du  Speech de Sabri Karaani. Nous y voyons une devise pour le Comar d’Or à qui nous souhaitons longue vie.

*La bonbonnière : surnom affectueux du théâtre municipal de Tunis