L’avenir de la télévision et du “cloud” en débat à la Cour suprême américaine

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ême des Etats-Unis à Washington, le 22 avril 2014 (Photo : Alex Wong)

[23/04/2014 07:52:08] Washington (AFP) La Cour suprême des Etats-Unis a débattu mardi d’une affaire opposant une start-up et les puissantes chaînes de télévision américaines, et qui pourrait bouleverser le secteur en permettant aux internautes de se dispenser d’un abonnement au câble pour regarder la télévision.

La start-up s’appelle Aereo et existe depuis 2012. Elle loue à des internautes, sous la forme d’un abonnement, une mini-antenne de réception TV, de la taille d’une pièce de monnaie; cette mini-antenne reste en fait dans les locaux d’Aereo, pour l’instant dans 11 villes américaines dont New York.

Les antennes, reliées entre elles, captent les ondes hertziennes gratuites des chaînes locales, qui sont généralement des déclinaisons locales des grandes chaînes ABC, CBS, NBC et Fox.

Les abonnés à Aereo peuvent ensuite regarder en direct ces chaînes, en streaming depuis leurs ordinateurs ou tablettes, ou les enregistrer.

L’intérêt de cette technologie est de permettre aux abonnés d’éviter de souscrire à un abonnement au câble ou au satellite, qui sont les méthodes les plus communes pour recevoir la télévision aux Etats-Unis.

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à New York, le 22 avril 2014 (Photo : Andrew Burton)

Les compagnies de câble, comme le géant Time Warner, ainsi que les grandes chaînes, ont immédiatement poursuivi en justice Aereo à son lancement, car cette technologie représente la perte potentielle de milliards de dollars d’abonnements. Les câblo-opérateurs paient cher le droit de diffuser des chaînes à leurs abonnés.

Leur argument juridique est fondé sur la notion de copyright: selon eux, Aereo “rediffuse” leurs programmes sans payer, ce qui serait illégal.

“Votre modèle technologique est fondé uniquement sur une manière de détourner les interdictions légales auxquelles vous ne voulez pas vous conformer”, a estimé le président de la Cour suprême, John Roberts.

Mais d’autres juges se sont inquiétés des conséquences d’une éventuelle condamnation d’Aereo sur le secteur technologique du “cloud” (informatique dématérialisée).

“Je voudrais comprendre l’impact que cela aura sur d’autres technologies”, a demandé Samuel Alito.

Aereo estime que son service revient au même que si les consommateurs allaient acheter une antenne et un décodeur numérique pour recevoir, sans abonnement, les ondes hertziennes.

“Nous ne sommes pas un câblo-opérateur”, a expliqué l’avocat d’Aereo, David Frederick. “Aereo est un fournisseur d’équipements”. La compagnie, a-t-il expliqué, “réplique dans le cloud ce que les gens peuvent faire tout seuls”.

Les géants de l’internet comme Google, Facebook et Yahoo!, via la Computer and Communications Industry Association (CCIA), ont pris le parti d’Aereo. “L’affaire a des ramifications qui vont au-delà de l’avenir d’Aereo et des télévisions, qui sont hostiles au changement”, a déclaré Ed Black, président de la CCIA. “Il s’agit de l’avenir d’un aspect essentiel du commerce sur internet: le cloud computing”.

La Cour suprême pourrait rendre sa décision d’ici la fin du mois de juin