SFR : Bouygues et Numericable attendent, Vivendi veut encore réfléchir

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Le logo de SFR sur un magasin du groupe, le 1er avril 2014 (Photo : Philippe Huguen)

[04/04/2014 19:34:53] Paris (AFP) Bouygues et Numericable sont suspendus à la décision de Vivendi, qui devait trancher vendredi entre les deux offres de rachat de SFR à l’issue de trois semaines de négociations exclusives avec le câblo-opérateur, mais a choisi de se donner plus de temps de réflexion alors que Bouygues a sorti de son chapeau une contre-proposition améliorée en fin de matinée.

Le Conseil de surveillance de Vivendi réuni depuis vendredi après-midi a suspendu ses travaux dans la soirée, mais ceux-ci “vont se poursuivre ce week-end”, a indiqué une porte-parole de Vivendi à l’AFP.

“Nous avons travaillé très efficacement avec Vivendi pendant ces trois semaines de négociations exclusives. Patrick Drahi est très serein, il travaille sur ce projet industriel depuis de nombreuses années”, avait déclaré à l’AFP dans l’après-midi un porte-parole de Numericable-Altice.

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à Paris (Photo : Eric Piermont)

Bouygues et Altice/Numericable mènent depuis début mars une lutte acharnée pour convaincre Vivendi de leur céder SFR, deuxième opérateur français. Alors que Numericable était en pourparlers avec Vivendi depuis de longs mois, Bouygues a publiquement annoncé son intérêt pour SFR, ce qui a amené Numericable à renchérir.

Mais, le 14 mars, Vivendi a tout de même annoncé qu’il entrait en négociations exclusives avec le câblo-opérateur avec comme date butoir le 4 avril, sur la base d’une offre qui prévoit un paiement de 11,75 milliards d’euros pour Vivendi, ainsi que l’attribution de 32% du capital de la nouvelle entité.

Malgré ce camouflet, Bouygues, opiniâtre, n’a pas baissé les armes et a au contraire amélioré peu à peu son offre pour atteindre 15 milliards d’euros en numéraire, et 10% du nouvel ensemble pour Vivendi, dans une dernière offre annoncée vendredi matin et valable jusqu’au 25 avril.

Selon Bouygues, cette offre “valorise ainsi SFR pour Vivendi à 16 milliards d’euros avant synergies et 16,5 milliards d’euros en intégrant les 5 milliards d’euros de synergies sécurisées grâce aux économies résultant de la cession du réseau à Free”.

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affaire du rachat de SFR: Vivendi, Bouygues Telecom et Numericable (Photo : Eric Piermont, Philippe Huguen)

Du côté d’Altice, un porte-parole a jugé que “cette dernière manoeuvre ne change(ait) rien”.

“Il s’agit d’une manoeuvre de plus. Cette dernière offre n’est pas du tout une amélioration de l’offre précédente, au contraire, au regard de la valorisation de SFR. Elle ne fait que souligner une fois encore l’hostilité dans laquelle Bouygues s’est enfermée depuis le début”, a confié ce porte-parole à l’AFP.

– Appui du gouvernement à Bouygues –

Cependant cette nouvelle offre a sans doute donné à réfléchir aux membres du Conseil, qui préfèrent se donner plus le temps pour trancher.

Bouygues laisse également encore le choix à Vivendi entre plus d’argent ou plus d’actions en laissant sur la table une de ses précédentes offre, faite le 12 mars, qui impliquait que Vivendi reçoive 11,3 milliards d’euros en numéraire et 43% du capital du nouvel ensemble à naître.

La campagne de persuasion que mène Bouygues a par ailleurs été appuyée par le gouvernement qui s’est ému de voir un actif français tomber dans les mains de l’actionnaire majoritaire de Numericable, Altice, entreprise luxembourgeoise cotée à Amsterdam.

Ce à quoi Altice a répondu que l’entité Numericable/SFR serait une entreprise de droit français, cotée à Paris.

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ée (Photo : Lionel Bonaventure)

Arnaud Montebourg, alors simple ministre du Redressement productif, n’a lui pas caché son soutien à l’offre de Bouygues, notamment parce qu’elle permettait de revenir à trois opérateurs mobiles sur le marché français.

Le numéro un de FO, Jean-Claude Mailly, a également mis en avant vendredi cet argument car, selon lui, “si le retour à trois opérateurs +viables+ ne se fait pas, alors c’est le dumping et les faillites qui percuteront la filière, qui pourrait alors être +rachetée+ pour 1 euro symbolique par des groupes étrangers. Et ce au prix de dizaines de milliers de nouvelles suppressions d’emplois”.

Cependant, marier Bouygues Telecom, troisième opérateur français, à SFR qui occupe la deuxième place derrière Orange, générerait des problèmes en terme de concurrence, même si Bouygues a pris les devants en promettant la cession de son réseau de téléphonie mobile et d’un portefeuille de fréquences à Free, ce qui “apporte d’ores et déjà une réponse aux impératifs de concurrence”, estime-t-il.