Anniversaire de l’assassinat de Chokri Belaid : Cette conscience qui nous interpellera toujours

Il y a une année, Chokri Belaid, secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié (composante du Front populaire), était tué, en plein jour, devant son domicile, par plusieurs balles, tirées à bout portant par un salafiste djihadiste qui a pris ensuite la fuite avec un complice sur une mobylette.

tunisie-wmc-chokri-belaid.jpgCe lâche assassinat, commandité par des prêches de gourous islamistes, avait provoqué des manifestations violentes et la plus grave crise gouvernementale depuis l’avènement de la révolution du 14 janvier 2011.

Ce meurtre a fortement secoué les Tunisiens. La plupart d’entre eux, dorlotés, cinq décennies durant, par de douces dictatures, n’ont jamais connu d’assassinats politiques.

Ecorchés à vif dans leur âme, les Tunisiens, divisés plus que jamais entre laïcs et islamistes, n’ont plus de repères. L’assassinat de Chokri Belaid a provoqué chez eux une grande peur. Il leur a fait comprendre dans la douleur qu’une autre Tunisie, violente et prête au pire, est désormais une réalité.

L’heure était grave, très grave même. L’exemple des Libanais, qui ont migré vers la violence politique par l’effet de l’émergence de l’extrémisme d’autres temps, était revenu aux esprits. C’était tout simplement l’apprentissage par le choc.

Les Tunisiens, qui se sont mobilisés par centaines de milliers pour rendre un dernier hommage au martyr lors de ses funérailles titanesques, le vendredi 8 février 2013, ont pris conscience du danger qui les guette.

Ils ont été atterrés par ce meurtre qui a touché, en plus, un militant politique pacifiste qui a toujours mis en garde contre ce qu’il appelle «le carré de la violence qui ne servirait que le parti islamiste Ennahdha».

Ils ont été tellement choqués par cet assassinat d’autant plus qu’il a ciblé un patriote qui a toujours appelé les Tunisiens à prendre conscience des menaces qui pèsent sur la Tunisie par l’effet de l’islam politique et «à faire quelque chose pour leur pays».

Tolérant convaincu, Chokri Belaid avait pour habitude de déclarer: «Nous avons un projet dans lequel les islamistes ont leur place, alors qu’eux, ils ont un projet dans lequel nous n’avons pas de place».

A cinquante ans, Chokri Belaid était un opposant démocrate-patriote pur et dur. Sa grande culture, ses analyses pertinentes sur les plateaux télévisés et radiophoniques, son contact direct avec le peuple partout où il se trouve, sa verve, son engagement aux côtés des pauvres, son programme politique et socio-économique n’avaient pour but que de servir la Tunisie et de l’immuniser.

Chokri Belaid était contre l’endettement excessif du pays. Il était opposé à la dépendance de l’étranger, à l’iniquité fiscale, à la cherté de la vie, à l’injustice sociale, à la discrimination régionale, à l’industrialisation sans valeur ajoutée, à la marginalisation d’un secteur stratégique à forte employabilité comme l’agriculture.

Cela pour dire que le martyr Chokri Belaid, figure de proue de la gauche tunisienne, avait le profil idéal pour déranger les ultralibéraux et conservateurs de tous bords.

Son assassinat n’a été d’ailleurs que le point d’orgue d’une situation politique et socio-économique qui n’a cessé de se dégrader, depuis que les nahdhaouis avaient accédé au pouvoir, un certain 23 octobre 2011.

Une année après son meurtre, la République tunisienne se porte mieux à la faveur de la lutte des femmes et des hommes qui sont descendus dans la rue, parfois en pleine canicule, pour se faire entendre, demander qui a assassiné Chokri Belaid, et mettre, une année durant, la pression sur la Troïka et lui arracher des espaces de liberté et de tolérance.

Aujourd’hui, la Tunisie s’est dotée d’une Constitution progressiste, et parallèlement le gouvernement laxiste à l’endroit du terrorisme est limogé. Conséquence: la Tunisie, stabilisée, est sur la bonne voie, et ce pour de longues années.

Moralité : Chokri Belaid n’est pas mort. Comme tous les grands leaders, il est devenu intemporel. Autrement dit, sa mort n’a pas été vaine. Elle aura servi à raffermir la solidarité entre les Tunisiens et à les mobiliser pour sauver, comme il aimait le dire, «la Tunisie et la République».

 

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Anniversaire de l’assassinat de Chokri Belaid :
C’était le 6 février 2013