Le microcrédit, tremplin vers la création d’entreprise pour des chômeurs

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à Paris a créé son entreprise grâce à un microcrédit (Photo : Lionel Bonaventure)

[31/01/2014 17:03:28] Paris (AFP) Après avoir travaillé quatre ans dans l’hôtellerie, Abdel Abderrahim, 33 ans, a voulu créer son entreprise de nettoyage de moquettes. Il s’est lancé en juillet 2012, grâce à un microcrédit de 3.000 euros, et envisage l’avenir avec confiance.

“En un an et demi, j’ai réussi à rembourser mon crédit, je n’ai pas de dettes, j’ai mon véhicule, mes machines et je commence à avoir des clients. Ca va marcher avec le temps, étape par étape”, dit-il à l’AFP, à la veille de la 10e semaine du microcrédit (3 au 7 février).

Cette semaine organisée par l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie), pionnière du microcrédit en France, sera ponctuée de diverses initiatives visant à mieux faire connaître ces prêts.

D’un montant de 10.000 euros maximum, ils sont proposés à des créateurs d’entreprises n’ayant pas accès au crédit bancaire, souvent des demandeurs d’emplois et allocataires de minima sociaux.

En tant que gouvernant, métier qu’il a exercé de 2007 à 2011, Abdel Abderrahim était chargé de contrôler la propreté des chambres. “J’ai constaté que les hôtels faisaient appel à des sociétés extérieures pour le nettoyage en profondeur des moquettes, cela m’a donné l’idée de créer mon entreprise”.

Après un licenciement, il s’est inscrit à Pôle Emploi. “Etant chômeur, je ne pouvais pas emprunter auprès des banques”. L’Adie lui a prodigué une formation gratuite de deux mois pour finaliser son projet et lui a prêté 3.000 euros.

“J’ai lancé Capolo Nettoyage en juillet 2012, avec le statut d’auto-entrepreneur. Je cible les hôtels, les restaurants, les particuliers, les bureaux. Ca marche beaucoup par le bouche-à-oreille”. Il perçoit toujours une allocation chômage, réduite en fonction de son chiffre d’affaires. “Surtout, j’ai un tuteur Adie, un bénévole qui m’encadre, que j’appelle en cas de difficultés. Les bénévoles sont des retraités qui sont des pros”.

“des hauts et des bas”

Nicolas Garry, 43 ans, a pour sa part créé AMS Evènements il y a 19 ans, avec un microcrédit de 30.000 francs (environ 4.000 euros). “J’étais préparateur en pharmacie et, le week-end, animateur de mariages. J’ai toujours eu la passion de l’événementiel”, explique-t-il.

Lorsque lassé de son métier, il fait la tournée des banques, il se heurte partout à des refus. Grâce au microcrédit, il lance en juin 1995 son entreprise, spécialisée dans l’organisation de séminaires, assemblées générales ou lancement de produits.

Aujourd’hui, il emploie “16 salariés à plein temps”, fait travailler “40 intermittents du spectacle” et réalise “5 millions d’euros de chiffre d’affaires” en comptant deux filiales. Basée à Rennes, son entreprise a une agence à Nantes et une autre à Paris et compte parmi ses clients de grands groupes tels qu’Airbus ou ERDF.

“Il y a eu des hauts et des bas”, se souvient-il. “On est partis de rien et on a payé l’absence de fonds propres au début. Mais j’ai su m’entourer des bonnes personnes”. “L’Adie m’a aidé en assurant un suivi pendant deux ans. L’aspect conseil est très important”.

Depuis sa création en 1989, cette association, qui compte 450 salariés et plus de 1.300 bénévoles, a financé près de 132.000 microcrédits, dont 12.339 microcrédits professionnels en 2013 (+13% en un an). Elle évalue à 70% sur deux ans, et 58% sur trois ans, le taux de pérennité des entreprises créées.

“On estime que 120.000 à 150.000 personnes en situation de précarité créent chaque année une entreprise avec un capital inférieur à 8.000 euros”, explique sa présidente, Catherine Barbaroux. “Environ 10% passent par l’Adie. D’autres démarrent avec peu de crédits et se mettent en situation plus difficile car ils ne sont pas accompagnés”.

Il existe d’autres acteurs du microcrédit. France Active permet à des “micro-entrepreneurs” d’accéder aux prêts bancaires en se portant garante tandis que France Initiative accorde des prêts d’honneur à taux zéro, facilitant l’obtention de prêts bancaires.