Tunisie – CJD : «Le social et l’économique doivent se dire et se penser en un seul mot»

Quel nouveau modèle économique pour la «nouvelle» Tunisie? En avons-nous réellement besoin? Ou peut-être devrions-nous tout remettre en cause et tout revoir de nos politiques économiques passées? Construire à la base un nouveau modèle ou plutôt gagner du temps en capitalisant sur les réalisations précédentes et en rectifiant le tir quant à nombre de défaillances?

cjd-international-congres.jpgC’est à toutes ces questions que les jeunes entrepreneurs ont essayé de répondre vendredi 15 novembre à l’occasion de la conférence intitulée «Pour une économie au service de l’homme, l’économie sociale de marché» et en marge de l’assemblée générale élective du CJD.

«La déstabilisation consécutive à la révolution du 14 janvier et à la transition politico-sociale qui l’a suivi a révélé des failles structurelles et la nécessité de revoir le rôle de l’Etat. Loin de chercher à être alarmiste, cet état des lieux appelé «séquence urgence» vise à créer l’impulsion et la prise de conscience nécessaire pour le changement» ont indiqué les organisateurs de la conférence.

«Le social et l’économique doivent plus que jamais se dire et se penser en un seul mot», a déclaré Samy Zaoui, invité à se prononcer sur l’état de l’économie-macro et au niveau de l’entreprise conforté par Sandor Mohacsi, président du JCI Allemagne qui a rappelé les conséquences de la crise de 2008 sur l’économie mondiale: «Elle a montré du système économique dominant (libéral) et a suscité une prise de conscience quant à l’importance de le repenser et le réajuster. Il faut un Etat régulateur et des entrepreneurs responsables».

L’Etat ne doit pas être un gendarme au risque de freiner la dynamique économique, a indiqué Slim Ben Ammar, DG de Sodexo. Toutefois, l’Etat ne doit pas non plus se retirer totalement du circuit économique car son rôle est important autant dans son contrôle que dans son organisation.

Les exemples le plus édifiants en la matière sont ceux du Japon en Asie et de l’Allemagne en Europe. Dans ces deux pays, dont les tissus économiques sont composés à plus de 90% par des PME, l’Etat ne s’est jamais retiré totalement. Il intervenait en temps opportun, surveillait et aidait lorsque le besoin s’en ressentait.

L’économie sociale de marché est aujourd’hui une urgence, ont estimé les panelistes. «Comprendre, questionner, s’accorder sur une vision et des objectifs partagés, identifier les menaces mais également les opportunités de la situation actuelle, échanger les points de vue sur les maux qui détruisent nos sociétés, orienter les opérateurs sur les points forts et les axes de progrès sont autant d’éléments qui peuvent œuvrer en faveur d’un climat socio-économique plus équilibré».

Il faut également fédérer tous les acteurs économiques autour d’orientations et de principes structurants, éviter le flou et l’ambiguïté. C’est grâce au flou et la complexité des lois que les personnes prédisposées à la corruption et celles prédisposées à en profiter peuvent agir en toute impunité. «La simplification des réglementations sert, entre autres, à couper l’herbe sous les pieds des acteurs administratifs ou entrepreneuriaux qui veulent profiter d’un système qui justifie les actes illicites par la complexité des procédures», estime Sami Zaoui.

Aujourd’hui, il faut traduire en actions concrètes des valeurs relatives à l’épanouissement des employés et responsables des entreprises, défendre, autant que se peut, la valeur de travail, s’engager dans une économie performante au service de l’homme, mettre en accord les approches des syndicats, du patronat, de l’Etat et de la société civile.

La responsabilité sociale et sociétale est un facteur de performance globale de l’entreprise, pour cela, estime Adbdelaziz Dargouth, animateur du panel et entrepreneur, il faut parfaire la synchronisation entre le service public et les partenaires sociaux, améliorer le système fiscal et revoir le dispositif d’éducation et d’enseignement pour qu’il puisse répondre aux besoins du marché du travail.

Le CJD est une famille, c’est un passage obligé pour ceux qui veulent être le leadership économique de demain, c’est ce que n’ont pas cessé de répéter les jeunes entrepreneurs, la présidente partante du Centre des Jeunes dirigeants, Wafa Sayadi, ou encore Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, invitée à ouvrir l’assemblée générale élective du CJD en ce vendredi 15 novembre.

Le CJD est également une grande école pour les dirigeants de demain, une école qui, outre le fait qu’elle forme des entrepreneurs, donne des leçons au leadership politique du pays. Le CJD a réussi à instaurer des traditions démocratiques rarement observées en Tunisie, tous les 2 ans, il y a un président (e) part, et un autre ou une autre prend la relève. Voyez-vous beaucoup d’exemples qui illustrent pareilles pratiques autour de vous?