Diamants : Alrosa lance sa très attendue privatisation partielle

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à une exposition organisée le 2 novembre 2006 à Moscou par le géant russe des diamants, Alrosa (Photo : Alexander Nemenov)

[02/10/2013 10:15:14] Moscou (AFP) Le géant des diamants Alrosa, contrôlé à 90% par les pouvoirs publics russes, a officiellement lancé mercredi la mise en Bourse à Moscou de 16% de son capital, qui constitue une étape clé du programme de privatisations du gouvernement russe.

Par cette opération très attendue, le groupe basé en Iakoutie (Sibérie Orientale), qui représente un quart de la production mondiale de diamants, espère gagner en visibilité sur les marchés au moment où il cherche à accélérer sa présence internationale.

Dans le détail, l’Etat fédéral, qui détient 50% du capital, en cèdera 7%, les autorités de la région de Iakoutie, qui en détiennent 32%, 7% et Alrosa 2%.

Le groupe, qui avait évoqué dans le passé une vente en novembre, n’a pas précisé ce calendrier, ni le montant espéré.

Presse et analystes évoquent une valorisation autour de dix milliards de dollars, soit plus que les 8,9 milliards de dollars que la société minière pesait mercredi à la Bourse de Moscou, où s’échange déjà une petite partie de son capital.

Cela représente un gain d’environ 1,4 milliard de dollars pour les pouvoirs publics, dont la moitié directement pour le budget de l’Etat fédéral.

Cette opération “marque une étape importante à la fois pour Alrosa et pour le programme de privatisation” et “dans la stratégie du gouvernement de réduire le rôle de l’Etat dans l’économie”, a souligné Olga Dergounova, la directrice de l’agence en charge des biens de l’Etat.

La Russie a annoncé ces dernières années d’importants programmes de privatisation censés réduire le poids de l’Etat dans l’économie et moderniser les sociétés concernées.

Le programme actuel pour 2014-2016, qui prévoit que l’Etat réduise sa part dans Alrosa à 25%, a été récemment revu à la baisse, notamment en raison de l’environnement difficile sur les marchés ces derniers mois.

Le président russe Vladimir Poutine souhaite en effet que les privatisations soient réalisées via des mises en Bourse à Moscou, afin de soutenir la place financière locale.

Pour Alrosa, la mise en Bourse d’une part significative de son capital constitue une “nouvelle positive”, estime Sergueï Donskoï, de la Société Générale.

“La direction va avoir une nouvelle tâche: il va falloir convaincre les investisseurs que le groupe fait du bon travail. (…) Cela joue en faveur de sa croissance”, a-t-il expliqué.

Le président d’Alrosa, Fiodor Andreev, a estimé que l’opération allait “renforcer la position” du groupe comme premier producteur mondial et faciliter son accès aux marchés internationaux.

“Nous allons continuer à nous concentrer sur nos activités de base, qui sont l’exploration, l’extraction minière et la vente de diamants et à rechercher les opportunités d’expansion en Russie et dans d’autres régions comme l’Afrique”, a-t-il ajouté.

Après avoir dégagé en 2012 un bénéfice net record de 33,6 milliards de roubles (830 millions d’euros), le groupe a connu un bon début d’année, grâce à une hausse du volume de ses ventes de pierres précieuses de haute qualité, qui a compensé des prix en baisse.

Au deuxième trimestre, il a plus que doublé son bénéfice net sur un an, à 8,3 milliards de roubles (190 millions d’euros) pour un chiffre d’affaires en hausse de 9% à 42,8 milliards de roubles (980 millions d’euros).

Alrosa, qui vient de vendre des actifs gaziers au pétrolier Rosneft pour 1,4 milliard de dollars, se recentre sur son coeur de métier et a annoncé ces derniers mois plusieurs projet renforçant sa présence à l’international.

Niveau production, il a créé des sociétés communes en Angola et Bostwana chargées d’exploration minière. Niveau vente, il a signé des alliances avec le joaillier américain Tiffany et la maison de ventes aux enchères Sotheby’s, et a écoulé pour la première fois en août sa production sur la Bourse des diamants de Shanghai.

Alrosa a précisé que la somme qui sera dégagée de la vente de 2% qu’il contrôle lui servirait à rembourser ses dettes, qui représentaient fin juin 146,1 milliards de roubles (3,4 milliards d’euros).