La friperie saigne le budget de l’Etat!

Par : TAP

frippe-2013.jpgPar les temps qui courent, la friperie est une aubaine pour de nombreux Tunisiens, découragés par l’enchérissement des prix du prêt-à-porter et aussi déçus par un rapport qualité-prix largement incompatible, alors qu’elle est un fardeau pour l’Etat, puisque le déficit de la balance commerciale du secteur de la friperie, se monte à près de 73 millions de dinars. Sachant que le pays importe en moyenne annuellement pour 110 MDT de vêtements usagés, et en exporte pour seulement 37 MDT. C’est Makrem Dridi, inspecteur des affaires économiques à l’Office de Commerce de la Tunisie (OCT) qui l’affirme.

Actuellement, les nouvelles autorisations dans ce secteur sont gelées, a-t-il précisé, mais les commerçants continuent d’exercer ce métier et les consommateurs des vêtements d’occasion manifestent toujours un grand engouement pour ces habits qui sont à la portée de leur bourse…

Au sujet de la hausse des prix des vêtements d’occasion, certains marchands l’imputent à l’émergence de la clientèle algérienne. C’est le cas de Hamza, 5 ans dans ce métier, qui souligne que les Algériens achètent les vêtements d’occasion de Tunisie pour les revendre à des prix plus élevés dans leur pays.

La tendance haussière des prix des vêtements de la friperie est également confirmée par les grossistes de cité Ezzouhour. Ainsi, le grossiste Abdessalem indique qu'”auparavant, le secteur était plus rentable qu’aujourd’hui, les marchandises deviennent très chères et les recettes ne couvrent même pas, nos charges”…

Les vêtements usagés importés ne sont pas uniquement destinés à la consommation locale, mais aussi à l’exportation et à la transformation, alors qu’en réalité, le marché local est saturé par les vêtements usagés, a expliqué, l’inspecteur des affaires économique à l’OCT.

«Les quantités de vêtements usagés triées, après importation et qui sont destinées à la consommation locale, ont dépassé le quota autorisé, soit 10.500 tonnes, correspondant aux 12% de la consommation nationale de textile. Ceci n’affecte pas seulement la balance commerciale mais également la compétitivité du secteur du textile/habillement (TH)», a-t-il relevé.

L’ensemble des 46 sociétés du secteur, partiellement exportatrices, sont dans l’obligation d’exporter au moins 30% des marchandises importées et de transformer au minimum, 20% de ces vêtements, en chiffons et fibres textile. En réalité, sur 120.000 tonnes d’importations annuelles de fripes, la moyenne des quantités transformées, soit 38.000 tonnes, n’a pas atteint les 20% requis et les quantités exportées n’ont pas dépassé, 44.400 tonnes.

Même dans cette situation, “les demandes d’obtention d’autorisations pour l’exercice de ce métier se sont élevées, après la révolution, à 300 demandes et ce en dépit de la décision du ministère de geler l’octroi des autorisations”, a-t-il conclu.

«Aujourd’hui, la question de la pérennité du secteur est mise sur la table», a-t-il fait savoir, “sachant que cette activité fait vivre entre 5.000 et 5.300 personnes travaillant dans les sociétés de Friperie, en plus de 170 grossistes et 4.000 détaillants, selon les statistiques de l’OCT”.

Actuellement, a-t-il ajouté “le ministère du commerce en coordination avec les ministères des finances et de l’industrie, a préparé un projet visant la révision du cadre juridique régissant le secteur”, précisant que “certaines problématiques seront étudiées dans le cadre de ce projet, telles que le contrôle du secteur (économique, financier et aux frontières), les critères fixés pour l’octroi des autorisations d’importation et les quotas alloués aux entrepôts industriels (sociétés), grossistes et détaillants”.

WMC/TAP