
En effet, d’après la 17ème vague du Baromètre politique mensuel de 3C Etudes, le cabinet d’études marketing et de sondage d’opinion dirigé par Hichem Guerfali, le principal parti d’opposition l’emporterait face à la plus importante composante de la Troïka au pouvoir, le mouvement Ennahdha en l’occurrence, avec 33,8% des voix pour le premier et 29,4% pour le second.
Ennahdha reculant de 0,7% (30,1%) et Nidaa Tounes progressant de 1,6%, l’écart entre les deux formations s’établit à 4,4 points, soit «l’écart le plus important» enregistré à ce jour, souligne le patron de 3C Etudes.
Loin derrière ces deux poids lourds arrive le Front Populaire (11,6%, en progression de 0,6% par rapport à avril 2013), suivi, à une distance de 6,2 points, du Parti républicain, en recul par rapport au mois précédent (avec 5,4%, contre 5,8%), d’Al Aaridha Achaabia qui dégringole d’un point à 4,7%.
Arrivent quatre partis dans un mouchoir de poche: le Congrès Pour la République (CPR, avec le même score, 2,1%), Hizb Ettahrir, le Front Démocratique pour les Libertés et le Travail (Ettakatol), et l’Union Nationale Libre qui reculent respectivement à 1,8% (contre 2,1% en avril), 1,4% (1,8%), et 1,7% (2,2%).
Le mouvement Wafa et Al Masar+Le Pôle ferment la marche avec 1,4%, bien que le premier double son score et le second recule (1,6%) en comparaison avec avril 2013.
>Autre fait marquant des élections législatives qui se tiendraient aujourd’hui : le taux des indécis qui atteint 46%, en croissance de deux points. De même, on risque de battre le record d’abstention. Lors des élections d’octobre 2013, le taux d’abstention s’était établi à 50%, alors que les sondages d’avant scrutin le situait à 13-14%.
Aussi, Hichem Guerfali s’attend-il à le voir atteindre 55%, même s’il reconnaît que «ce paramètre est l’un des plus difficiles à mesurer» parce que rares sont les électeurs qui admettent qu’ils ne vont pas voter.
Pour la présidentielle, on assiste à un renversement de tendance. Alors qu’il était –pour la première fois- donné vainqueur lors du deuxième tour (50,6 contre 48,8%), Hamadi Jebali est ce mois-ci distancé par Béji Caïd Essebsi à la fois lors du premier tour (16,2% contre 6,4%) et du second (51,2% contre 48,8%). L’ancien Premier ministre et président de Nidaa Tounes fait un bond spectaculaire par rapport à avril 2013 (de 10,1 à 16,2%), semble-t-il à l’annonce officielle de sa candidature à la prochaine présidentielle faite dans l’entre deux sondages.
Le candidat de Nidaa Tounes l’emporte dans 8 régions sur 9: Grand Tunis (17,5% contre 6,8%), le nord-est (25% contre 4,5%), le nord-ouest (21,6% contre 6,1%), le centre-ouest (10,4% contre 7,5%), le sud-ouest (9,4% contre 3,1%), et Sfax (10,4% contre 7,6%). Hamadi Jebali, lui, ne l’emporte que dans le sud-est (11% contre (5,2%).
La capitale du Sud devrait, d’après Hichem Guerfali, jouer un rôle déterminant dans les prochaines élections. «Celui qui l’emporterait à Sfax sera vainqueur à l’échelle nationale».
Ce jeu de bascule entre Nidaa Tounes et Ennahdha, d’un côté, Béji Caïd Essebsi et Hamadi Jebali de l’autre, semble voué à se poursuivre d’ici les prochaines échéances électorales. Au gré des évènements et des soubresauts que le pays ne manquera pas de connaître.


