Tunisie – UTICA – Dialogue national sur la relance économique : Ali Laarayedh hué par l’assistance

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Autant le discours de Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, et celui de Hassine El Abbassi, secrétaire général de l’UGTT, étaient précis, clairs, et exprimaient des propositions concrètes, autant les discours des présidents de la République et de la Constituante, puis celui du chef du gouvernement étaient dénués de sens et de consistance, noyés qu’ils étaient dans des généralités et sans aucune méthodologie. Il s’agit des discours prononcés à l’occasion de la conférence sur le Dialogue national pour la relance de l’économie organisée samedi 11 mai à l’UTICA.

Moncef Marzouki a parlé de polémiques politiques marécageuses et a appelé à mettre fin aux débats stériles pour assurer une stabilité politique garante de la relance des activités économiques et de la bonne marche des entreprises nationales. «Une stabilité que nous voulons dynamique et non statique, ce qui revient à dire que le terrain politique ne doit pas être synonyme d’attentisme et d’immobilisme».

Il a assuré qu’il n’acceptera pas que la Tunisie devienne une terre de djihad et soit renvoyée aux temps des émirats et califats arriérés et sous-développés. “lan yamourrou wa law ala ajssadina“ (ils ne passeront pas même sur nos corps), a-t-il invectivé. Nous devons nous engager tous dans une lutte culturelle, les prêcheurs ne doivent pas venir d’ailleurs, nous avons nos propres savants issus de grandes écoles comme la Zeïtouna auxquels revient le rôle d’éduquer le peuple et les jeunes».

Mustapha Ben Jaafar s’est attribué les mérites de la réactivation  d’un accord de partenariat privilégié avec l’Algérie, signé, tenez-vous bien, en décembre 2008, par Mohamed Ghannouchi, alors Premier ministre. Il en a parlé lors de son discours comme s’il s’agissait d’une œuvre personnelle, réagissant par l’humour aux appels de l’assistance pour  l’achèvement de la rédaction de la constitution: «S’il ne s’agit que de cela pour permettre la relance économique, nous l’achèverons en une semaine»… Il n’a pas manqué de rendre les médias responsables de tous les maux du pays, car ce sont eux qui dramatisent et qui ne rendent pas compte de la réalité des choses, a-t-il prétendu.

Que Dieu vous entende monsieur le président de la Constituante et exauce les prières des Tunisiens pour que leur Constitution ne les renvoie pas aux méandres du Moyen-âge à cause de vos compromissions et vos alliances «peu catholiques» ou pas du tout “musulmanes“.

La cerise sur le gâteau, c’était notre chef de gouvernement qui, du haut du pupitre, improvisait un discours dans lequel il assurait que les actes de terrorisme ne datent pas d’aujourd’hui : «Ils ont de tout temps existé mais on n’en parlait pas à cause de la censure».

Vous avez raison, monsieur, les seuls actes terroristes perpétrés dans notre pays datent de la fin des années 80 et il y a quelques années à Soliman, les autres ont peut-être eu lieu dans un Jebel Chaambi situé dans une Tunisie parallèle, et c’est vrai nous n’en avons pas entendu parler.

«Notre pays se dirige de plus en plus vers plus de visibilité s’agissant de son climat politique… Nous estimons que l’agenda mis en place par la Constituante sera respecté… Les élections parlementaires et présidentielle auront probablement lieu entre novembre et décembre 2013»…

Bien que le climat politique paraisse dominant dans notre pays, nous ne négligeons pas les autres composantes, qu’elles soient sociales ou économiques, et tous nos visiteurs -des personnalités politiques éminentes, nos partenaires traditionnels d’Europe ou d’autres régions dans le monde- témoignent de la réussite du processus de transition démocratique en Tunisie, assurant que nous sommes en tête du peloton des pays du printemps arabe pour ce qui est des avancées démocratiques, a assuré le chef du gouvernement.

Ali Laarayedh a déclaré que l’exercice de la liberté met à l’épreuve toutes les composantes politiques et civiles, leur degré de civisme et leur capacité à se structurer. Ces composantes ne doivent plus être esclaves d’instructions venues d’en haut ou se complaire dans l’attentisme, a-t-il indiqué.

Le chef du gouvernement a appelé à donner du temps au temps pour atteindre la stabilité escomptée. Reprenant la thématique terroriste, il a insisté sur le respect des lois et des droits de l’homme : «Nous ne pouvons-nous permettre de politiser les problématiques sécuritaires et nous estimons que le pays n’est pas dans une situation aussi désespérante qu’on veuille bien le prétendre, nous avons quand même réussi à réaliser 3,6% de taux de croissance». Une certitude qui a fait huer l’assistance formée en grande partie d’entrepreneurs et de représentants de PME/PMI et TPE qui estiment aux que ce taux de croissance ne se traduit nullement sur le terrain. «Nous sommes à 10.000 années lumières de ce que Monsieur le chef du gouvernement a affirmé, le chômage est encore persistant, nos problèmes sont les mêmes, lenteur des procédures administratives, instabilité sociale, absence de sécurité, et pour terminer du terrorisme dans nos montagnes, notre chef du gouvernement devrait peut-être arrêter de se voiler la face pour faire le bon diagnostic et trouver de véritables solutions», a commenté un jeune entrepreneur.