Les ménages toujours plus pessimistes face à la récession et au chômage

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à Paris (Photo : Thomas Coex)

[26/04/2013 13:39:18] PARIS (AFP) Les ménages n’en finissent plus de perdre confiance dans la situation économique à venir de la France sur fond d’explosion du chômage et de croissance atone, un réflexe logique, selon des économistes, car “il n’y a pas de quoi être optimiste”.

Le moral des ménages français est resté très bas en avril, a annoncé vendredi l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

L’indicateur qui synthétise leur confiance s’est établi à 84 points, stable par rapport à mars et donc toujours loin de sa moyenne (100) sur ces 25 dernières années.

Mais au-delà, c’est l’opinion des ménages sur leur pouvoir d’achat dans les douze prochains mois qui se dégrade encore (-1 point, à -62) après avoir déjà atteint un minimum historique en mars (-61).

“Cela traduit un niveau de confiance qui est faible, une anticipation d’appauvrissement”, commente pour l’AFP Michel Martinez, économiste à la Société générale. Citant la “hausse des prélèvements obligatoires” et l'”augmentation rapide du chômage”, il rappelle que “cela se traduit concrètement par des pertes de pouvoir d’achat”.

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à avril 2013

“On ne voit pas pourquoi le moral des ménages s’améliorerait”, tranche Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques.

“Le chômage continue à augmenter (…) et les perspectives, en tout cas sur la prochaine année, ne sont pas bonnes”, détaille-t-il, rappelant que le gouvernement lui-même tablait “sur une hypothèse optimiste” de 0,1% de croissance en 2013.

“Et en plus, on nous dit qu’il va falloir faire des efforts pour réduire les déficits, c’est-à-dire soit des augmentations d’impôts soit des baisses de dépenses publiques”, ajoute cet économiste. “Il n’y a pas beaucoup de raisons d’être optimiste”, reconnaît-il.

Comme c’est souvent le cas en France, dans ce climat de morosité ambiante, les ménages semblent toutefois ne pas avoir complètement renoncé à consommer. Ils sont en effet légèrement plus nombreux qu’en mars à estimer opportun d’effectuer maintenant des achats importants.

Selon la même tendance, ils envisagent moins qu’en mars de privilégier l’épargne dans la conduite de leur budget (-4 points sur un mois).

Si les Français se montrent un tout petit peu moins pessimistes sur l’évolution du marché de l’emploi en avril (-2 par rapport à mars), ils continuent néanmoins massivement d’anticiper une augmentation du chômage, avec un indicateur de 76 à comparer à une moyenne de 32 sur 25 ans.

Pour Michel Martinez, “on voit bien qu’il y a un décalage entre la perception de la situation courante et la perception de la situation future”. “Cela traduit deux choses: une réalité et un climat de manque de confiance, ou de défiance, pour reprendre le mot qui figurait dans le débat de la présidentielle il y a un an”, estime-t-il.

Il recommande au gouvernement d’expliquer davantage ses projets et d’accélérer les prises de décisions. “C’est toute la difficulté d’une politique de communication que de restaurer la confiance et de dire +mais non ça va s’arrêter parce que j’ai trouvé des solutions+”, commente-t-il.

Pour M. Heyer également, le pessimisme des ménages s’explique par la difficulté du gouvernement à leur donner de la visibilité sur l’avenir alors que lui-même semble sonné par une conjoncture récessive qu’il n’avait pas prévu et qui annihile l’effet de nombre de ses réformes.

“On ne nous dit pas que c’est un mauvais moment à passer et que ça ira mieux dans six ou douze mois”, remarque l’économiste. “On nous dit: +il y aura de l’austérité jusqu’à la fin du quinquennat+”, afin de ramener le déficit le plus proche possible de zéro, regrette-t-il.