Tunisie : Jebali n’en démord pas, il tient à ses technocrates sinon il démissionne

hamadi-jebali-remaniement.jpgRéunion présidée par Hamadi Jebali, chef du gouvernement, vendredi 15 février à 16 h à Dar El Dhiafa avec les présidents des partis politiques et en présence du Comité des sages. Objectif? Trouver des portes de sortie à la crise politique persistante en Tunisie avec une date limite: 48h.

S’il n’arrive pas à trouver un consensus avec les partis politiques pour la formation d’un gouvernement de technocrates, Hamadi Jebali présentera sa démission au président de la République provisoire qui devrait, dans ce cas, charger une autre personnalité politique de composer un gouvernement, et ce conformément à la loi organisant les pouvoirs publics.

Campagnes de désinformation, scénarios dignes du cinéma hollywoodien concoctés au Qatar et présentés par des acteurs très actifs sur la scène politique dont Mohsen Marzouk, leader à Nidaa Tounès, rien n’y fait. Jebali tient à son gouvernement de technocrates et on peut palabrer autant qu’on veut sur des complots, faisant de lui un intrigant de première classe; qu’on dise qu’il exécute un plan en complicité avec Ghannouchi pour rétablir l’autorité et la notoriété d’Ennahdha; qu’on avance que son plan est de permettre à son parti d’effacer ses échecs et s’en remettre… Il n’en démord pas. Lui, il veut des technocrates!

Rappelons à l’occasion qu’il y a moins de 4 jours, Mohsen Marzouk affirmait qu’il soutenait le gouvernement de technocrates proposé par Jebali à condition que les candidats répondent aux exigences des postes qu’ils devraient occuper, soient opérationnels et neutres. Pourquoi se rétracter ensuite aussi brutalement?

Pourquoi les Néjib Chebbi, les Hamma Hammami, les Riadh Ben Fadhl, qui avaient à maintes reprises appelé à la formation d’un gouvernement de technocrates, ont-ils soudain fait marche-arrière pour ajouter à la confusion du paysage politique de ce qu’ils considèrent comme leur patrie?

Comment les adversaires politiques d’Ennahdha se sont-ils soudainement retrouvés à défendre la thèse d’un gouvernement à 30% politique et à 70% technocrates avec ce que cela comporte comme risques sur la neutralité de l’administration et la paix sociale?

A quoi rimerait un gouvernement d’union nationale qui permettrait de garder le ministre de l’Intérieur à son poste, ou des doublures nahdhaouis, au moins dans 6 ministères: le ministère de l’Intérieur, ceux des Affaires étrangères, de la Justice, du Transport, des Affaires religieuses et de l’Agriculture, une thèse persistante depuis deux jours?

Sans oublier que selon cette même thèse, des conseillers seraient désignés par Rached Ghannouchi lui-même dans le cercle fermé du chef du gouvernement qui serait ainsi pris en otage?

Et dans ce cas, quels seraient les arguments de ceux qui targuent Hamadi Jebali de jouer un jeu malsain et pervers avec R.G? Car, lui au moins, il est clair, il exige un gouvernement de technocrates au vu et au su de tout le monde. Ce n’est pas le cas de ceux qui complotent derrière les portes fermées, loin des regards indiscrets sur la Tunisie, mettant leurs ambitions personnelles au dessus des hauts intérêts du pays. Ceux qui comptent gouverner sans savoir qui ou quoi gouverner… Car à voir les surenchères des «patriotes militants de longue date» et les conditions qu’ils mettent dans les négociations, nous ne pouvons nous empêcher de voir en eux des comploteurs sur le pays servant des agendas autres que celui de la Tunisie.

D’aucuns pencheraient même pour un agenda qatari… L’ennemi de mon ennemi n’est-il pas mon ami? Pourquoi des leaders politiques qui se prétendent démocrates soutiendraient-ils Ghannouchi contre Jebali, seraient-ils plus proches du président d’Ennahdha que de son secrétaire général?

Notre confrère Soufiane Ben Farhat déclarait récemment sur Nessma TV que Hamadi Jebali avait déclaré lors de l’une des dernières réunions au Conseil de la Choura «qu’il n’était pas prêt à revenir au cycle des violences des années 80», ce qui expliquerait son insistance pour un gouvernement sans feedback politique. Soit un appel à ne pas vicier les administrations et établissements publics par des services parallèles opérant pour le compte d’un agenda partisan inspiré du projet des Frères musulmans.

Qu’est-il arrivé aux démocrates? Auraient-ils reçu des instructions? Changé d’agenda? Obtenu des promesses? Leur agenda serait-il autre que celui de la Tunisie, de sa stabilité, de sa paix et de sa sécurité? Les marchandages les auraient-ils aveuglés au point où ils ne voient pas que la Tunisie est au bord du précipice et qu’il suffit d’un petit coup de pouce dans la mauvaise direction pour qu’ils n’aient plus à rien gouverner?

Sauf si le but est justement de pousser Jebali dans ses derniers retranchements et le pays dans le chaos pour hausser le ton et lancer les enchères pour qui vendra le mieux la Tunisie. Et dans ce cas, ce sont les plus riches, les plus soutenus à l’international qui gagneront le gros lot. Alors ça sera qui Messieurs les politiciens, le Qatar? Ou la marraine Arabie Saoudite soutenue toujours par les USA entrée tout récemment en lice?

Les Tunisiens doivent-ils être toujours sous tutorat?