Prêcheurs envahisseurs des pays du Golfe : Haro sur le modèle de vie tunisien !

nabil-al-awadi-2013.jpgLorsque le directeur du cabinet de la présidence de la République tunisienne se permet d’aller à l’aéroport pour consacrer un accueil officiel à un prêcheur koweïtien, lorsque la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance considère que le fait de permettre aux illuminés du Golfe arabe d’entrer chez nous comme en terrain conquis, eh bien, il faut reconnaître que le dicton bien connu de «Lorsqu’un pays est sinistré, son imam devient un agnostique» s’applique bel et bien sûr notre Tunisie.

Une explication peut-être: les hauts responsables désignés par les élus légitimes n’ont éventuellement aucune idée sur les prérogatives qui leur sont inclues en haut de la pyramide de l’Etat. Un Etat qu’ils ont démythifié par leur ignorance des règles élémentaires du protocole et du respect des usages de bienséance.

Pour rappel, Monsieur Daimi, le cabinet présidentiel a pour mission d’assister le chef de l’État, et seulement lui, dans l’accomplissement de ses tâches. Donc que son directeur soit sollicité par le ministère des Affaires étrangères pour assurer le rôle d’accompagnateur et persuadé par celui des Affaires religieuses d’aller accueillir Nabil Al Awadi à l’aéroport, cela n’a rien à voir avec les tâches qui lui incombent en tant que directeur du cabinet présidentiel. Plutôt qu’accueillir les illuminés des pays du Golfe venus conquérir la Tunisie avec un cérémonial digne de chefs d’Etat, il aurait mieux fait de suivre son président à Addis-Abeba, au moins cela rentre dans son rôle…

Pour rappel, Moncef Marzouki, président de la Tunisie, lui, a été accueilli par le vice-maire de Ryad lors du sommet économique arabe. Pouvons-nous descendre plus bas? Comment peut-on ainsi ridiculiser l’Etat et ses institutions?

La sinistre de la Femme -oh pardon la ministre-, quant à elle,  qui s’est exprimée dans une émission à propos des prêcheurs sur Attounissia lundi 28 janvier, elle n’a apparemment pas été imprégnée du mode de vie tunisien et encore moins des valeurs républicaines françaises et du respect des droits élémentaires de l’homme. C’est pourtant la France, pays des libertés, qui lui a accordée, à elle, l’asile politique en 1992 et apparemment la nationalité…

Condamner précautionneusement le vénérable Cheikh prouve une volonté manifeste de ménager la susceptibilité des alliés stratégiques d’Ennahdha. Orienter le débat vers des thèmes relevant du populisme politique, alors qu’il était consacré aux prêcheurs venus sciemment voler leur enfance à nos petites filles, relève pour nous d’une faillite totale à la mission d’une ministre de la Femme et de l’Enfance.

Pire, en poussant les surenchères et déclarant brutalement: «nos frontières doivent être ouvertes à tout le monde», Sihem Badi se positionne en défenderesse des précepteurs religieux venus de cultures différentes de la nôtre et dispensant à notre progéniture un discours extrémiste et réducteur pour la gente féminine. Elle pourrait tout aussi bien s’occuper d’un harem, cela rentrerait parfaitement dans ses cordes.

Une honte pour la Tunisie! Comment la première responsable de la Femme dans un pays connu et réputé de par le monde pour avoir été l’un des premiers à abolir l’esclavage, à promulguer le premier CSP et œuvré pour l’émancipation féminine, peut-elle défendre le prédicateur koweitien Nabil Al Awadi?

Ce même Nabil Al Awadi, interdit de prêcher, à maintes reprises, par le ministère koweitien des Affaires religieuses à cause de ses discours extrémistes? Comment peut-on dédier pareille escorte payée de l’argent du contribuable, donner une couverture officielle à un illuminé venu répandre la culture de l’asservissement des femmes les réduisant à des objets sexuels et limitant leur rôle à la procréation? Comment donner suite à un projet mesquin et pernicieux visant à imposer le port du voile à de fillettes comme si leurs corps étaient une infamie? Comment une ministre tunisienne peut-elle comparer les agissements d’un prédicateur qui s’attaque à notre modèle de société dans sa profondeur à des phénomènes sociaux, telle la délinquance juvénile?

La seule explication qui nous paraît plausible est une indifférence totale par rapport à ce qui peut advenir du pays si ce n’est le pouvoir, car tous ceux qui portent une double nationalité ont leur place ailleurs et après eux et elles le déluge!