Sous la pression de l’UGTT, Tunisair prend le contrôle de la société AISA


tunisair_ugtt-19012013.jpgQuatre
ans après sa création, la société Aviation IT Services Africa (AISA) passe sous
contrôle de
Tunisair. Au moment de sa création en août 2008, pour aider le
transporteur national tunisien à développer son système d’information, il avait
été décidé, pour une plus grande souplesse de gestion, qu’AISA sera une société
privée dont Tunisair ne détiendra que 49% du capital, le reste étant entre les
mains de Medsoft (1%), qui appartenait jadis à Slim Zarrouk, gendre de l’ancien
président Ben Ali, et à la Société internationale de télécommunication
aéronautique (SITA).

Ce schéma avait été imaginé comme solution de compromis entre le gouvernement
qui, estimant le secteur des technologies de l’information et de la
communication comme stratégique, voulait que la société à créer avec SITA soit
contrôlée à 51% par les Tunisiens, et
Tunisair qui impute son retard dans ce
domaine principalement à la lourdeur de la législation sur les marchés
s’appliquant aux entreprises publiques, souhaitait qu’«Aviation IT Services
Africa» soit une entité privée.

Spécialiste mondial en communications et en solutions de technologie de
l’information pour le transport aérien, cette société assure des prestations
pour près de 500 compagnies aériennes à travers le monde. L’accord entre les
trois parties associées dans AISA prévoyait que cette société allait, avec le
soutien de SITA, devenir elle-même au bout de quelques années prestataire et
exportateur de ses services, notamment en Afrique sub-saharienne.

Pour lui donner les moyens de devenir le «Centre de compétences» capable d’aider
les compagnies aériennes africaines à gérer de grands projets stratégiques de
mise à niveau et d’optimisation des systèmes d’information, AISA s’est dotée
d’une équipe de 115 employés. Surtout, ses commandes ont été confiées à de
grosses pointures: d’abord, Alain Michalar, ancien directeur commercial de SITA
et son actuel directeur des services IT pour l’aviation, et, depuis octobre
2010, par Mohamed Ali Amara, recruté –chez HP- comme le prévoient les statuts de
la société, par SITA. Résultat, le chiffre d’affaires d’AISA n’a cessé de
grimper pour atteindre 10 millions de dinars.

Mais Tunisair ayant, au lendemain du 14 janvier 2011, et sous la pression de l’UGTT,
remis en question sa politique d’externalisation de toutes les activités ne
constituant pas le cœur de son métier, entamée dans les années 2000 –ce qui
s’est traduit par le retour dans son giron de ses filiales externalisées (Tunisair
Express “ex-Sevenair“, Tunisair Handling et Tunisair Technics)- il était clair
que tôt ou tard le glas allait sonner pour AISA.

De fait, cédant à la pression de son syndicat (affilié à la plus ancienne
centrale, l’Union générale Tunisienne du Travail), la compagnie nationale de
transport aérien a conclu le rachat des parts de ses deux partenaires, devenant
ainsi l’unique actionnaire d’Aviation IT Services Africa. En conséquence de
quoi, le directeur général, Mohamed Ali Amarag a décidé démissionner. Il est
remplacé à son poste, à titre intérimaire, par Chiheb Ben Ahmed, directeur
général adjoint de Tunisair en charge des questions techniques.

Toutefois, le nouveau PDG de Tunisair, Rabah Jerad, qui a accepté de reprendre
le contrôle d’AISA, a obtenu que cette société reste en dehors du périmètre de
Tunisair pendant encore une année. Dans l’espoir, peut-être, que la donne change
entretemps et lui permettre éventuellement de relancer le partenariat avec SITA.