La compétitivité de la France vue par l’italien Sorin, industriel de pointe

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à Clamart, près de Paris, du groupe italien de technologies médicales Sorin, le 10 juin 2010 (Photo : Eric Piermont)

[16/11/2012 10:54:54] CLAMART (Hauts-de-Seine) (AFP) Les sociétés étrangères implantées en France réalisent plus de 40% des exportations du pays: I’Italien Sorin, à la pointe des technologies médicales, a choisi l’Hexagone pour son potentiel d’innovation mais il en critique la complexité réglementaire.

C’est à Clamart près de Paris que cette entreprise de près de 4.000 personnes dont plus de 500 en France, cotée à Milan et dirigée par un Français, a installé le siège de sa division de traitement des troubles du rythme cardiaque.

Elle y a construit la plus grande salle blanche d’Europe dans le domaine médical. Quelque 70 opérateurs qualifiés enveloppés de blouses et capuches fabriquent et contrôlent, dans cet immense espace aseptisé de 2.300 m2, quelque 70.000 pacemakers et 10.000 défibrillateurs implantables.

“La question qu’on nous pose souvent c’est +pourquoi êtes vous en France?+”, raconte le directeur général de ce leader français et mondial, André-Michel Ballester.

Avant 2010, Sorin disposait en région parisienne de deux sites plutôt vétustes. “Nous sommes une entreprise italienne, nous aurions pu décider de les regrouper en Italie, ou en Chine, en Inde”, lance-t-il.

“Parce qu’il y a un fort potentiel d’innovation”, poursuit M. Ballester, “les innovations qui ont vraiment changé la vie des patients atteints de maladies cardio-vasculaires au cours des 50 dernières années sont pour beaucoup nées des cerveaux de médecins et ingénieurs français”.

Il cite aussi la politique industrielle et en particulier, le célèbre crédit d’impôt recherche (CIR), créé en 1983, rénové en 2008 et loué depuis par bien des entreprises et politiques de tous bords.

“Un dispositif très performant. Nous faisons de la recherche et développement en Italie, au Canada, aux Etats-Unis, en Allemagne: il n’y a pas un pays où nous menons ces activités qui ait un système aussi incitatif que le CIR en France”, se félicite-t-il.

Le CIR permet aux entreprises de déduire de l’impôt sur les sociétés (IS) une partie de leurs investissements dans la recherche et le développement. Le crédit est de 30% sur ces dépenses jusqu’à 100 millions d’euros et de 5% au-delà.

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éfibrilateur dans les locaux du groupe italien à Clamart, près de Paris, le 10 juin 2010 (Photo : Eric Piermont)

Sorin a investi 45 millions d’euros dans la recherche et développement en France en 2011, soit 60% du total mondial du groupe, et plus de 250 millions ces dix dernières années. 80% de sa production française sont exportés.

“J’insiste sur l’apport des entreprises étrangères. La maison France doit non seulement les garder mais faire en sorte qu’il y en ait de plus en plus”, a déclaré la ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq, qui visitait jeudi le site de Clamart. Elles y emploient 1,8 million de salariés, a-t-elle souligné.

La France est la première destination d’Europe pour les investissements étrangers créant de l’emploi dans le domaine industriel, a précisé le président de l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII), David Appia, également présent.

Mais M. Ballester souligne un “besoin d’améliorations”, dénonçant “une complexité réglementaire très importante en France”.

L’industriel, qui siège au conseil d’administration de plusieurs jeunes entreprises françaises, constate qu’elles ont des difficultés à vendre leurs innovations dans leur propre pays. “Une des raisons c’est que notre dispositif réglementaire est très ,très lourd”, estime-t-il.

Il perçoit aussi un “problème” dans la “valorisation de la recherche”. “Les rapports entre le public et le privé ne sont pas optimums”, dit-il. “Il est très difficile de faire passer un chercheur du public vers le privé ou de créer une jeune entreprise issue de l’université”.

Pour l’heure, l’APII a reçu “beaucoup de réactions, constaté beaucoup d’intérêt” de la part des investisseurs étrangers pour les mesures de relance de la compétitivité annoncées début novembre par le gouvernement, affirme M. Appia.