Avec la bénédiction du prêtre, des fidèles anglais tweetent pendant la messe

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église Saint-Paul de Weston-super-Mare, en Angleterre, le 21 octobre 2012 (Photo : Ben Stansall)

[12/11/2012 08:47:10] WESTON-SUPER-MARE (Royaume-Uni) (AFP) Six téléviseurs à écran plat sont suspendus sur les piliers de l’église au style gothique de Weston-super-Mare, en Angleterre. “C’est un dimanche Twitter, donc allez sur votre compte”, lance le prêtre aux fidèles. “Si vous avez une question, tweetez la et j’y répondrai”.

Pour ces célébrations peu conventionnelles, la petite église centenaire de Saint-Paul s’est dotée d’un réseau wi-fi et d’un mot de passe de circonstance, “Abraham 123”.

“A l’époque romaine, il y avait les routes pour voyager et transmettre le message du Christ. Au Moyen-Age, il y eut l’imprimerie. Aujourd’hui, on a Twitter, Facebook, YouTube. Ce sont les outils que Dieu nous a donnés pour diffuser sa parole”, explique Andrew Alden, 47 ans, prêtre de l’église anglicane de Saint-Paul, à l’initiative du projet.

“Le message est le même, le média est différent”, résume-t-il avec malice.

Avec Twitter, “le sermon n’est plus un monologue (…), il devient une conversation”, complète Brian Champness, en charge de l’homélie ce dimanche. “C’est d’ailleurs ce que Jésus faisait, il répondait à des questions”, ajoute le vicaire trentenaire.

Dans l’assemblée, un adolescent profite du réseau wi-fi pour actualiser son profil sur Facebook, un père de famille pour consulter une recette de cuisine, et d’autres paroissiens pour réagir du tac au tac au sermon.

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église Saint-Paul de Weston-Super-Mare, en Angleterre, le 21 octobre 2012 (Photo : Ben Stansall)

“Peut-on changer notre ville en 14 jours en utilisant des mots positifs et en faisant le jeûne des mots négatifs? Essayons”, commente @rev2bshaz, en écoutant l’homélie du jour basée sur le pouvoir des mots.

Le tweet est retransmis sur les écrans de l’église. Tout comme celui de Charlotte Pike. +Nos pensées ont-elles le même impact que nos paroles?+”.

“Excellente question!”, réagit enthousiaste Brian Champness, avant de développer sa réponse. Sur son pupitre en bois, cohabitent une Bible à la couverture de cuir rouge et son iPad.

Parmi les paroissiens, les avis sont partagés sur l’utilisation des médias sociaux pendant la messe. “Twitter m’aide à me concentrer sur le sermon, sinon j’ai tendance à penser à autre chose”, témoigne Carmen Rogers, enseignante de 21 ans. “C’est comme un cours: si on ne prend pas de notes, ça ne rentre pas.”

Penny Hynds, 48 ans, qui a ouvert son compte Twitter spécialement pour la messe, approuve. “Ca m’aide à mieux intégrer” le sermon.

Mais pour Adrian Stone, père de famille de 50 ans, “c’est assez perturbant”. “Le temps de penser à un tweet, de l’écrire et de le corriger, la messe est dite!”

Naomi Dunn, conseillère en communication, 44 ans, avoue ne s’être jamais lancée. “Je suis une bavarde. Je ne pourrais pas dire quoi que ce soit qui ait du sens en seulement 140 caractères!”

Andrew Alden a pensé à utiliser Twitter pour lutter contre la désaffection des églises: “Il y a de moins en moins de jeunes adultes dans les églises. Utiliser les médias sociaux (…) est une façon d’établir le dialogue avec cette génération qui nous échappe.”

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office, le 21 octobre 2012 (Photo : Ben Stansall)

Au besoin, cela permet d’ignorer des questions incongrues, qui auraient pu être posées à voix haute.

La méthode semble porter ses fruits, se félicite Andrew Alden: la communauté de Saint-Paul, qui utilise Twitter depuis le début de l’année une fois par mois, a doublé en cinq ans.

Mais les personnes âgées, à quelques exceptions près, restent réticentes à cette technologie, reconnaît-il. “Elles sont très mal à l’aise à l’idée de sortir un téléphone en public, elles pensent que c’est impoli.”

Pour éviter la diffusion de tweets malencontreux sur les écrans de l’église, un bénévole, Mike Pimm, assis au fond de la nef, filtre sur son ordinateur les messages. Ce dimanche, il exclut de passer: “Y a-t-il quelqu’un de plus petit en taille que notre vicaire?”. “C’est un peu cruel”, justifie-t-il, cheveux grisonnants retenus en queue de cheval.

Mais il s’amuse aussi à sélectionner quelques tweets légers: “Pige que dalle à ce que dit ce mec”, écrit @robcromwell. Un clin d’oeil à l’accent australien du vicaire.