Finance : maintenant qu’elle a placé ses pions, la BCE ne devrait pas bouger

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ésident de la BCE Mario Draghi, le 6 septembre 2012 à Francfort (Photo : Johannes Eisele)

[08/11/2012 07:02:21] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne (BCE), qui réunit son conseil des gouverneurs jeudi, ne devrait pas faire de nouvelle annonce anti-crise, alors qu’elle fête les un an de Mario Draghi à sa tête.

Selon les analystes, il ne faut s’attendre ni à une baisse de son principal taux d’intérêt -à 0,75% actuellement, son plus bas historique- ni à de nouvelles mesures en faveur des banques ni à ce qu’elle en dise beaucoup plus sur son programme de rachat de dette des Etats (OMT) dont l’annonce début septembre a offert à la zone euro un répit qui ne se dément pas.

“Bien que la BCE n’ait encore acheté aucune obligation, les coûts d’emprunt espagnols et italiens sont retombés à des nouveaux bien plus soutenables”, note Christian Schulz, de la banque Berenberg.

Ce programme n’a en effet toujours pas été enclenché, puisqu’il faudrait pour cela qu’un Etat qui souhaite en bénéficier réclame l’aide du fonds européen de secours, condition posée par la BCE.

Or l’Espagne, pressentie pour l’inaugurer, s’y refuse jusqu’à présent, craignant les conditions qui lui seront appliquées alors qu’elle est déjà plongée dans l’austérité et arguant que les marchés sont suffisamment apaisés grâce à la la BCE.

“C’est aux autorités espagnoles de prendre la décision. Nous sommes prêts d’un point de vue opérationnel”, avait déclaré fin octobre le chef économiste de la BCE Peter Praet.

En outre, grâce à l’action de la BCE destinée à redonner confiance aux investisseurs, les banques du sud de l’Europe qui n’arrivaient plus à se financer sur le marché inter-bancaire, semblent en avoir retrouvé l’accès “réduisant leur dépendance à la BCE” pour trouver des fonds, ajoute Christian Schulz.

Cependant la zone euro est loin d’être sortie d’affaire comme en témoignent les dernières prévisions de la Commission européenne qui table sur une stagnation du PIB (+0,1%) et un niveau de chômage record de l’ordre de 12% en 2013.

Une situation qui devrait aussi rattraper une Allemagne plutôt épargnée jusqu’ici, mettent en garde les cinq économistes allemands qui conseillent le gouvernement du pays comme M. Draghi.

“Jusqu’ici, l’Allemagne a pu échapper à certaines difficultés rencontrées dans d’autres régions de la zone euro. Mais les nouvelles données publiées montrent que les conséquences de la crise ont atteint l’économie allemande”, a-t-il déclaré mercredi.

Les mesures de la BCE, si elles “peuvent ramener la confiance à court terme”, ne seront pas suffisantes à long terme, a ajouté M. Draghi, appelant à nouveau les dirigeants européens à continuer leurs réformes pour convaincre le reste du monde de la viabilité de leur projet.