Internet, média privilégié des apprentis jihadistes

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Un jeune homme devant un ordinateur (Photo : ASIF HASSAN)

[08/10/2012 12:11:11] PARIS (AFP) Internet est le média privilégié des apprentis jihadistes français qui s’y nourrissent de propagande, d’appels à la haine et de manuels de fabrication de bombes ou de maniement d’armes, même si la barrière de la langue en restreint l’accès, ont expliqué des experts à l’AFP.

Lundi matin, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a dénoncé “l’antisémitisme, l’+antijuif+ véhiculés par internet, par la parabole, par un certain nombre de médias qui viennent du monde arabo-musulman et qui (agissent) sur des esprits faibles, l’endoctrinement, le mélange entre islamisme radical et trafic d’armes et de drogue”.

Le projet de loi permettant de poursuivre des Français commettant des actes de terrorisme à l’étranger ou partant s’y entraîner au jihad et qui sera examiné au Parlement avant la fin de l’année, ne prévoit pas d’introduire de délit de consultation de ces sites. Cette disposition, envisagée par le précédent gouvernement, a été écartée par le gouvernement Ayrault pour des raisons constitutionnelles.

Pour Dominique Thomas, spécialiste des réseaux islamistes à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), internet offre “trois volets” pour ces apprentis. Le premier, c’est celui de la “formation religieuse, même si pour beaucoup la barrière de la langue arabe reste un frein”.

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érieur, Manuel Valls, le 5 octobre 2012 à Paris (Photo : Kenzo Tribouillard)

Ces apprentis jihadistes trouvent également sur internet (forums, blogs, réseaux sociaux) des informations et des analyses sur les questions palestiniennes ou afghanes en rupture avec les grands médias classiques qu’ils accusent de mentir. “Le monde musulman dans le contexte international nourrit leur radicalisation”, estime Dominique Thomas.

“Travaux pratiques”

Enfin, ils vont trouver sur internet, ajoute ce chercheur, des données “opérationnelles sur la manipulation d’armes ou la fabrication d’explosifs”. Mais, relève Dominique Thomas, ces données ne sont pas disponibles uniquement sur des sites islamistes mais sur des sites para-militaires. “Rien ne vaut pourtant des travaux pratiques dans un coin discret dans une forêt”, dit-il.

Jean-Charles Brisard, enquêteur privé pour des familles de victimes du terrorisme et spécialiste du terrorisme islamiste, assure que “deux éléments fondamentaux participent à la radicalisation des apprentis islamistes : internet et la prison”.

Il rappelle que “quelques heures après l’attentat de Sarcelles, on pouvait voir des messages sur les sites islamistes relayant des appels à tuer des Juifs et des Français. Il y avait aussi une fatwa sur un site saoudien qui incitait à tuer des Français quelques heures après la publication des caricatures de Charlie Hebdo”.

Pour Louis Caprioli, ancien responsable de l’antiterrorisme à la DST et conseiller spécial du groupe de sécurité Géos, “internet complète l’endoctrinement de jeunes jihadistes subi dans certaines mosquées et leur montre des images des violences faites aux musulmans dans le monde”.

“A l’époque de la guerre en Bosnie, l’information circulait dans des cassettes vidéos, aujourd’hui internet reste le vecteur de radicalisation et de simplification pour ces apprentis jihadistes”, conclut Louis Caprioli.

Parmi les objets saisis lors des perquisitions liées au groupe de Cannes, figure un exemplaire de la revue d’Al Qaida dans la péninsule arabique (Aqpa), “Inspire”, disponible sur le net et destinée à encourager les musulmans anglophones à rejoindre le mouvement jihadiste international.