L’Espagne emprunte à plus faibles taux grâce à la détente du marché

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à Madrid (Photo : Pierre-Philippe Marcou)

[21/08/2012 11:07:06] MADRID (AFP) L’Espagne a profité mardi de marchés plus sereins pour emprunter facilement 4,515 milliards d’euros à court terme, mais, sans une action forte de la BCE que réclame avec insistance le gouvernement, l’automne pourrait se compliquer fortement pour le pays.

Pour ses retrouvailles avec le marché obligataire après une trêve estivale de trois semaines, Madrid a été bien accueillie, bénéficiant de taux d’intérêt en forte baisse par rapport à la dernière émission similaire, le 17 juillet: 3,070% pour les bons à 12 mois (contre 3,918%) et 3,335% pour ceux à 18 mois (contre 4,242%).

Les investisseurs ont été nombreux, la demande dépassant les 10,5 milliards d’euros, ce qui a permis au pays, qui visait une fourchette de 3,5 à 4,5 milliards, d’emprunter légèrement plus que prévu.

“On peut considérer que c’est une émission réussie”, souligne Soledad Pellon, analyste de la maison de courtage IG Markets, même “s’il ne faut pas oublier que c’est une émission à court terme: ce type d’émissions a généralement plus de succès, elles sont plus faciles à placer et ne sont pas très représentatives”.

Le vrai test, selon elle, viendra le 6 septembre, pour la prochaine opération à long terme: “je crois que c’est là qu’on verra vraiment l’appétit (des investisseurs) pour les obligations espagnoles”.

Le pays, fortement chahuté sur les marchés depuis le début de l’été, profite désormais de la détente suscitée par les paroles début août du président de la BCE, Mario Draghi, qui s’est dit prêt à “entreprendre des opérations sur le marché obligataire d’une taille adéquate”, face aux taux d’emprunt “inacceptables” que doivent consentir certains pays de la zone euro.

La prime de risque, qui mesure le surcoût que doit payer l’Espagne pour se financer, par rapport à l’Allemagne, était d’ailleurs en baisse mardi, à 462 points, tandis que la Bourse madrilène gagnait 0,25% à 10H23 GMT.

Mais ce climat favorable pourrait être de courte durée, au moment où l’Allemagne, poids lourd de la zone euro, continue d’afficher ses réticences face à une action massive de la BCE.

Si cette dernière déterminait des écarts maximum de taux d’emprunt entre pays européens, au-delà desquels elle interviendrait en achetant en masse des obligations, cela serait “d’un point de vue théorique très problématique”, a estimé lundi le porte-parole du ministère allemand des Finances.

Sans surprise, le ministre espagnol de l’Economie, Luis de Guindos, fait pression en sens inverse: “la position du ministre est que l’intervention de la BCE sur les marchés secondaires de dette doit être très forte, sans limites ni temporelles, ni quantitatives”, a indiqué mardi à l’AFP sa porte-parole.

De quoi permettre “une action qui ait l’effet recherché par ailleurs par la BCE: dissiper les doutes sur l’avenir de l’euro”, a-t-elle assuré.

L’Espagne, à qui la zone euro a déjà promis en juin une aide de 100 milliards d’euros pour ses banques, fragilisées par l’éclatement de la bulle immobilière, pourrait être amenée cet automne à demander un sauvetage global pour son économie, via une action de la BCE.

Car sans cette aide, “les doutes sur la capacité de financement de l’Espagne pourraient survenir en octobre”, un mois qui “concentre un volume important d’échéances de dette (9,020 milliards d’euros à court terme et 24,158 milliards à long terme)”, rappellent les analystes de Bankinter.

“Il y a encore beaucoup de choses à régler”, note Soledad Pellon: “nous ne savons toujours pas quelles conditions seront imposées à l’Espagne en cas d’intervention” extérieure.

Et “c’est très difficile de maintenir le marché au calme comme maintenant si en vérité, il n’y a rien derrière: actuellement, ce qu’il y a derrière, c’est une possible intervention de la BCE, mais si à un moment cette intervention est démentie ou n’arrive finalement pas, alors les tensions reviendront, de quoi compliquer beaucoup les choses”, prévient-elle.