Tunisie – Hamadi Jebali – Consultation nationale : Le gouvernement pour une approche partipative aux décisions engageant le pays

gouvernement-consultation-220.jpg«Le gouvernement n’a aucun problème avec la classe entrepreneuriale, au contraire, nous comptons prendre les mesures qui s’imposent pour améliorer le climat des affaires et l’assainir. Nous sommes également décidés à régler au plus tôt la situation des interdits de voyages, car il est clair que l’emploi doit être promu par le secteur privé tout comme la création de richesses». C’est ainsi que s’est exprimé Ridha Saidi, ministre conseiller auprès du chef du gouvernement chargé des Dossiers économique et du Social, lors d’une conférence de presse organisée en marge du lancement de la consultation nationale sur la Loi des finances 2013 et initiée par Hamadi Jebali, en présence des ministres concernés, mais également de l’Américain Joseph Stieglitz, prix Nobel de l’économie 2011.

Une consultation nationale à laquelle ont été invités les composantes de la société civile, les partenaires sociaux et les membres de la Constituante, mais qui n’a pas semblé susciter l’engouement des élus du peuple dont une grande partie a «boycotté» cette rencontre pourtant importante pour la nation.

Préparons l’avenir pour un développement équitable, c’est l’appel lancé par les organisateurs de la consultation lors de laquelle Hamadi Jebali a tracé les grandes lignes de la politique économique du pays pour les deux prochaines années.

Des années qui s’annoncent difficiles aux dires de Hassine Dimassi, ministre des Finances, dans un contexte économique international très tendu et face à des revendications sociales outrancières qui ne peuvent que compliquer la mission de l’Etat. Une déclaration qui a suscité le sourire narquois de Hassine Abassi, secrétaire général de l’UGTT. «Les revendications sociales doivent être rationalisées, les ressources de l’Etat ne peuvent répondre à elles seules aux dépenses de plus en plus excessives d’autant plus que les secteurs du tourisme et des mines ont accusé des pertes sèches qui ont porté un coup terrible aux revenus de l’Etat en 2011/2012».

Parmi les réformes les plus importantes préconisées par le gouvernement, celles structurelles et qui touchent l’éducation, la culture et la politique économique qui doivent être adaptées aux besoins du pays et aux exigences de la population ainsi qu’au contexte international qui s’annonce délicat. «Nous avons tenu à suivre une approche participative associant les régions et les principaux acteurs socioéconomiques dans l’élaboration de la Loi des finances. Nous voulons développer un modèle économique basé sur l’établissement de nouveaux équilibres économiques à court et moyen termes, une meilleure gouvernance, une administration plus performante et un environnement d’affaires plus sain. Nous ferons également le nécessaire pour renforcer les secteurs du tourisme et de l’agriculture», a indiqué Hamadi Jebali. Pour ce, tout un arsenal de règlementations a été pris pour améliorer les performances des collectivités locales, pour encourager une plus grande participation des femmes dans la vie active et plus d’autonomie des régions pour une gestion plus saine de leurs ressources naturelles et celles allouées par l’Etat.

25,4 milliards de dinars, c’est le budget de l’Etat établi pour 2012 et qui consacre une grande partie au développement des régions en les dotant des infrastructures nécessaires pour inciter les opérateurs privés à y investir. «Nous tenons à réduire les déséquilibres régionaux et encourager l’investissement dans les régions de l’intérieur pour un partage plus équitable des richesses et une répartition plus juste des ressources de l’Etat».

Hamadi Jebali a également tenu à préciser la volonté de l’Etat de mettre fin au renchérissement des prix et la mise à contribution de tous pour leur maîtrise afin qu’ils ne menacent pas le pouvoir d’achat des classes moyennes et défavorisées de la population.

L’intervention du gouverneur de la BCT, Mustapha Kamel Nabli, a porté sur la politique monétaire entreprise par la Banque centrale pour assurer la stabilité du marché financier et du secteur bancaire et garantir l’approvisionnement des banques en liquidités.

Quant à Joseph Stieglitz, il a fait l’état des lieux des pays en transition démocratique, citant des exemples du Chili, d’Argentine et de certains pays asiatiques.

Le prix Nobel d’économie a insisté sur l’importance d’une plus grande visibilité des perspectives politiques profondément liées à la relance économique.

Le lancement de la consultation nationale sur le budget 2013 a été une occasion pour les uns et les autres d’exprimer leurs opinions concernant la vision du gouvernement en place pour ce qui est de la politique économique à venir. Que cette consultation n’ait pas drainé les élus du peuple, mis à part quelques représentants des partis Ennahdha et Ettakatol ou des indépendants, c’est plus que surprenant car ce manque d’intérêt exprime une indifférence quant à l’avenir ou au devenir économique de la Tunisie.

Nous y reviendrons.