Un casse-tête tunisien qui s’appelle financement

financement-220612.jpg«Nous avons un dispositif de financement quasiment complet pour intervenir dans les différents cycles de la vie de l’entreprise. Pourquoi alors, en dépit de cela le nombre de création d’entreprises est bas et celui de leur mortalité est très élevé?». Les divers intervenants dans la vie économique –entreprises, banquiers, gouvernement, etc.- se sont efforcés, pendant la conférence sur «le financement de l’entreprise face aux exigences de bonne gouvernance», organisée jeudi 21 juin par la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT), en partenariat avec la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunisie (BVMT), et dans ses locaux, de déchiffrer le casse-tête –qu’illustre bien ces propose de Habib Karaouali, président-directeur général de la Banque d’Affaires de Tunisie- qu’est le problème du financement de l’entreprise en Tunisie, en vue d’y apporter les solutions adéquates.

La question est d’autant plus d’actualité que la difficile situation dans laquelle se trouve l’économie tunisienne est de nature, comme l’a souligné Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), à rendre encore plus problématique, dans la phase actuelle, l’accès de l’entreprise au financement.

Alors qu’on observe depuis peu des «phénomène» que le gouverneur de la BCT s’abstient de qualifier mais qu’on peut considérer comme inquiétants –difficulté de remboursement des crédits, augmentation du volume des impayés «de manière significative» et «fuite» de l’investissement «vers les secteurs sûrs comme l’immobilier au détriment des autres secteurs»-, M. Nabli admet clairement que «le financement devient de plus en plus difficile parce que la BCT ne peut pas augmenter le volume du refinancement comme elle l’a fait en 2011. La solution va continuer à être tendue au cours des mois à venir».

Comment s’en sortir? Le patron de la BCT recommande, d’abord, de renforcer les ressources bancaires à moyen et long termes, via l’augmentation du capital, l’accès à des lignes de crédits extérieures, etc.

Ensuite, il faudrait, insiste M. Nabli, améliorer la gouvernance à la fois des banques et des entreprises. En ce qui concerne les banques, la BCT a publié en mai 2011 une circulaire les incitant à changer leur mode de gouvernance, avec notamment un rééquilibrage des pouvoirs visant à renforcer ceux du conseil d’administration qui, d’après le gouverneur, est dans une position de faiblesse et d’infériorité par rapport à l’exécutif.

Mails il y a aussi un besoin «d’améliorer la gouvernance de la BCT en tant qu’autorité de régulation du système bancaire, d’un côté, et de la politique monétaire de l’autre».

Toutefois, «l’amélioration de la gouvernance des banques devra être accompagnée de celles des entreprises», avertit M. Nabli. Car «on ne pourra arriver à un système de financement de l’entreprise efficient qu’en améliorant la gouvernance de l’entreprise. On ne peut plus continuer à avoir un système de financement de l’entreprise centré sur le crédit. Et on ne peut pas développer ce système avec des entreprises mal gérées. Nous devons avoir un système où les risques sont répartis de manière équilibrée entre l’entreprise, la banque et le système financier», tranche le gouverneur.

Mustapha Kamel Nabli ne pouvait pas mieux défendre la nécessité d’une plus grande implication de la Bourse. Saisissant au vol la perche ainsi tendue, Mohamed Bichiou, son directeur général, clame que forte de «la réussite des dernières introductions», la Bourse «est aujourd’hui dans la meilleure position pour offrir un complément de financement aux entreprises». Saisissant cette opportunité historique, la BVMT a décidé de lancer une véritable campagne de charme en direction des entreprises et s’apprête à révéler dans les prochaines semaines les grandes lignes de la stratégie qu’elle entend mettre en œuvre dans ce domaine.