ère Angela Merkel (g) et le président François Hollande, avant le sommet de Bruxelles le 23 mai 2012 (Photo : Lionel Bonaventure) |
[24/05/2012 14:32:40] BRUXELLES (AFP) Au-delà des divergences de vue affichées mercredi soir entre le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel lors du sommet informel des chefs d’Etat et de gouvernement européens, le couple franco-allemand n’est pas au bord du divorce.
“On va trouver des accords. On les trouve depuis 60 ans”, soulignait jeudi un haut responsable européen à Bruxelles, persuadé que le moteur franco-allemand va continuer à entraîner l’Europe.
“Ce qui n’existe plus, c’est +Merkozy+”, a ajouté ce responsable s’exprimant sous couvert de l’anonymat. “Et, franchement, cela a créé un soulagement général dans l’UE”, a-t-il assuré. “Mercredi soir, tout le monde a pu s’exprimer lors du sommet informel des dirigeants européens. Cela n’allait pas de soi avant”, a-t-il expliqué.
Les habitués des sommets européens se souviennent des nombreux esclandres de Nicolas Sarkozy s’emportant contre certains de ses pairs. Le Premier ministre britannique David Cameron, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso et le Premier ministre social-démocrate danois, Mme Helle Thorning-Schmidt ont ainsi fait les frais des “colères” de l’ancien président.
Pour sa première réunion avec les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE, “M. Hollande n’a pas été provocateur du tout”, rapporte un participant du sommet. “Il n’y a pas eu de bras de fer”, se félicite-t-il.
Dès mercredi soir, l’entourage de M. Hollande cherchait à minimiser les divergences avec la chancelière. “François Hollande est dans une logique de proposition, il n’est pas arrivé avec une Kalachnikov”, expliquait-on.
Mais le président socialiste français a clairement montré sa différence avec la chancelière conservatrice.
Mme Merkel insiste pour que les pays de la zone euro poursuivent sur la voie de la rigueur et fait de la remise en ordre des comptes publics un préalable général. M. Hollande, favorable à des eurobonds pour mutualiser la dette, souhaite de la souplesse pour financer des politiques de relance.
Sur le papier, ces positions semblent inconciliables. Mais certains observateurs sont moins tranchés. Ils notent une entente sur certains dossiers, comme la taxe sur les transactions financières, et surtout que les deux dirigeants ont le même caractère et sont des adeptes du compromis.
“Il n’y a pas de psychodrame, les deux restent très sobres. Ils disent tous les deux que personne ne doit se sentir sous pression, qu’il n’y a pas de tabous, mais chacun présente sa position, met ses idées sur la table, et on doit maintenant chercher un compromis”, souligne ainsi le politologue Stefan Seidendorf, expert à l’institut franco-allemand de Ludwigsburg (sud-ouest de l’Allemagne).
“Pour le moment ça se passe bien mieux que Merkel et Sarkozy au début, ou que (Jacques) Chirac et (Gerhard) Schröder, qui, pendant deux ans, ne pouvaient pas se voir. Hollande et Merkel vont bien ensemble”, a-t-il ajouté.
“Il est rare que la France et l’Allemagne aient la même opinion dès le départ”, a souligné cet expert.
Les deux dirigeants sont également soumis à leur agenda politique national. “François Hollande ne peut pas apparaître comme ayant cédé quoi que ce soit avant les élections législatives françaises. Et Angela Merkel a elle-même les yeux rivés sur son horizon électoral de la rentrée 2013”, note ainsi le quotidien belge Le Soir.
Dès la fin de l’échéance des législatives en France, la relation franco-allemande va s’améliorer, estime une source européenne.
“M. Hollande a insisté pour la création d’eurobonds, mais personne, je dis bien personne, ne l’a demandé pour le très court terme”, a fait remarquer un participant au sommet. “Les eurobonds c’est une perspective à long terme. Ce sera comme la cerise sur le gâteau”, a-t-il expliqué.