Angleterre, le 17 mai 2012. (Photo : Paul Ellis) |
[17/05/2012 15:15:40] BERLIN (AFP) Le constructeur allemand Opel produira à l’avenir son modèle phare, l’Astra, uniquement en Angleterre et en Pologne, et non plus en Allemagne, où les usines redoutent d’être dépouillées peu à peu.
La petite voiture, de loin le modèle le plus important de la marque à l’éclair, était jusqu’ici construite à la fois à Rüsselsheim (ouest de l’Allemagne), Ellesmere Port (nord-ouest de l’Angleterre) et Gliwice (sud de la Pologne).
Le prochain modèle ne sera lui fabriqué à partir de 2015 qu’en Angleterre et en Pologne, ont annoncé jeudi Opel et sa société soeur britannique Vauxhall, toutes deux filiales du géant américain General Motors (GM).
A Ellesmere Port, cette décision va se traduire par 700 créations d’emplois, ainsi qu’un investissement de 155 millions d’euros.
Des niveaux de flexibilité “sans précédent” dans l’organisation du travail ont été acceptés en contre-partie, selon le président de Vauxhall Duncan Alfred cité par la BBC. L’usine emploie déjà quelque 2.100 personnes.
La décision a été saluée par le Premier ministre David Cameron comme “une excellente nouvelle pour l’industrie britannique”.
L’autre grande bénéficiaire de la décision d’Opel est l’usine de Gliwice, qui aura droit à un investissement d’un montant similaire à celui d’Ellesmere Port.
Si l’heure est à la réjouissance en Angleterre et en Pologne, elle est à l’inquiétude en Allemagne, berceau d’Opel, bien que le constructeur ait assuré jeudi qu’il voulait continuer à exploiter “au maximum” son usine de Rüsselsheim, où il emploie 3.500 personnes.
GM, mécontent d’une filiale qui ne cesse de plomber ses comptes, élabore un nouveau plan de redressement d’Opel, qui a déjà subi 8.300 suppressions d’emplois, et les salariés allemands craignent d’être les premiers à en faire les frais.
Rainer Einenkel, membre du comité d’entreprise d’Opel à l’usine de Bochum (ouest), explique à l’AFP qu’Opel a choisi la Pologne “en raison de ses coûts salariaux” très bas, et l’Angleterre parce qu’il a pu y faire plier les salariés.
Pour M. Einenkel, les salariés d’Ellesmere Port, site qui était en sursis, ont accepté les concessions demandées pour conserver leur emploi, au terme de négociations menées “dans le dos de tous les autres”.
“Il n’est pas possible que ce soit le site qui asservit le plus ses salariés et qui réduit le plus les rémunérations qui remporte la mise”, a protesté Thorsten Schäfer-Gümbel, chef de file du Parti social-démocrate dans la Hesse, l’Etat régional où se trouve Rüsselsheim. Il a reproché à GM de “monter les sites (européens) les uns contre les autres”.
Le syndicat IG Metall a critiqué le fait que la décision a été annoncée le jour de la fête de l’Ascension, férié dans la majeure partie de l’Allemagne.
“Opel sera sauvé avec, et non contre ses salariés allemands”, a assuré Armin Schild, responsable régional du syndicat, cité dans un communiqué.
GM s’était engagé il y a deux ans à ne procéder à aucun licenciement chez Opel jusqu’en 2014, mais n’a pas pour autant cessé d”excercer une pression.
Selon de nombreux experts, le groupe américain va fermer au moins une usine en Europe. Maintenant qu'”Ellesmere est sauvé”, écrit jeudi Ian Fletcher, analyste chez IHS Automotive, “le choix qui reste est entre Rüsselsheim et Bochum” (3.200 salariés).
Des deux, c’est Bochum qui est “le plus menacé” selon M. Fletcher. Il estime que GM aurait davantage intérêt à sauver Rüsselsheim : il s’agit d’un site plus moderne, où se trouve le centre de recherche-développement d’Opel, et où les chaînes libérées par la délocalisation de l’Astra “pourraient accueillir la fabrication de modèles de PSA”, nouvel allié français du groupe américain.