La campagne électorale dans sa dernière ligne droite en Grèce, sans visibilité

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élections législatives du 6 mai

[03/05/2012 20:35:50] ATHENES (AFP) En Grèce, la campagne pour les législatives de dimanche est entrée dans sa dernière ligne droite sans avoir dissipé l’incertitude sur le gouvernement que pourra se trouver le pays, pourtant appelé à poursuivre à marche forcée sa tentative de redressement de l’économie.

Favori du scrutin, le conservateur Antonis Samaras, bientôt 61 ans, a tenu son avant-dernier meeting de campagne à Athènes jeudi soir en lançant un vibrant appel à “isoler les nazis”, le parti neo-nazi Aube dorée qui pourrait créer la surprise dimanche, étant crédité dans les sondages de 5% des intention de vote, ce qui lui permet techniquement d’obtenir des députés pour la première fois de l’histoire moderne de la Grèce.

Devant ses militants, M. Samaras a rejeté la possibilité d’une coalition avec le parti socialiste Pasok, avec lequel son parti Nouvelle Démocratie gouverne à contre-coeur depuis novembre pour éviter la faillite du pays.

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égislatives du 6 mai, le 26 avril à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

“Je demande de gouverner seul avec un mandat fort au nom de la stabilité politique”, a-t-il dit, excluant une coopération avec son rival Evangélos Vénizélos qui “condamnerait”, selon lui, la Grèce à la “stagnation”.

M. Vénizélos doit tenir son propre meeting à Athènes vendredi soir.

Ces grand-messes, maintenues en dépit de l’effondrement du système de bipartisme qui prévalait depuis le retour à la démocratie en 1974, concluront une campagne ou conservateurs et socialistes ont dû céder la rue et l’enthousiasme aux opposants à la rigueur imposée par les bailleurs de fonds du pays, qui rassemblent selon les sondages autour de 45% des votes, de l’extrême-gauche à l’extrême-droite.

Pour M. Samaras, crédité par les sondages de la première place mais sans espoir de décrocher la majorité absolue au parlement, l’enjeu est de stopper la fuite des électeurs de droite pour être en position de force quand il devra négocier une coalition gouvernementale.

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ême-droite grecque, le 3 mai 2012 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

“Si nous acceptons un gouvernement de coalition, nous serons à la merci des puissances étrangères qui se partageront le pays comme un gâteau”, a renchéri un militant Nouvelle Democratie, Constantinos Madlaras, 29 ans, lors du meeting.

Mais la division du camp conservateur a pris une ampleur inédite après le virage à 180 degrés de M. Samaras sur les mesures d’austérité demandées par les créanciers pour débloquer un deuxième plan d’aide à la Grèce début 2012. Un nouveau parti populo-nationaliste opposé à la rigueur et baptisé Grecs Indépendants s’est créé.

Face à un dirigeant socialiste qui s’affirme prêt à renouveler l’alliance gouvernementale sortante, l’issue du scrutin de dimanche reste totalement incertaine, ce qui alimente les craintes d’une instabilité politique dans le pays.

“Au total, le bloc des indécis représente 25%, c’est un cauchemar” pour prédire quoi que ce soit, relève l’analyste Ilias Nikolakopoulos, de l’institut Opinion, alors que la publication des sondages est interdite depuis le 27 avril.

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érence de presse le 2 mai 2012 à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

“Il y a ceux qui hésitent entre un des deux grands partis et leurs opposants, et ceux qui ont déjà choisi ces derniers, mais ne savent pas lequel tant il y a foule”, explique-t-il.

M. Vénizélos a du coup agité mercredi le spectre d’une “sortie de l’euro” si la Grèce devait retourner aux urnes dans les semaines à venir, comme M. Samaras en laisse planer la menace, ou si les électeurs désertent le Pasok au profit d’une gauche radicale et communiste dopée par son rejet de l’austérité.

Vainqueur des élections de 2009 avec 44% des voix, ce parti s’expose à chuter à moins de 20% des voix, contre autour de 25% pour la ND.

“J’espère que nous aurons un gouvernement qui tiendra plus de 40 jours”, ne plaisante qu’à demi Spiros Rizopoulos, conseiller en stratégie.

Le Premier ministre technocrate sortant, Lucas Papademos, a lui aussi souligné mercredi l’impératif pour le pays d’une “application efficace” des réformes lancées et invoqué son expérience pour souligner qu’une coalition permet de “résoudre les problèmes difficiles”.

Accueilli avec soulagement par les bailleurs de fonds du pays, UE et FMI, l’exécutif de transition de M. Papademos a de fait réussi à restructurer la dette du pays, effaçant pour 105 milliards d’euros de créances auprès des banques privées et débloquant un deuxième volet de prêts UE-FMI, de 130 milliards, après celui de 110 milliards accordé en 2010.

Mais le casse-tête grec concerne aussi l’éventuel infléchissement de l’ajustement budgétaire imposé en contrepartie, sous l’influence également d’une possible alternance en France à la suite du second tour de l’élection présidentielle de dimanche.

Ministre des Finances de juin 2011 à mars 2012, M. Vénizélos a déjà revendiqué une petite marge de manoeuvre, en plaidant pour un allongement d’un an, jusqu’en 2015, du délai donné à Athènes pour assainir ses comptes publics. M. Samaras continue pour sa part à contester le dosage des mesures imposées et a déjà promis des baisses d’impôts.

Jeudi, le FMI a rappelé depuis Washington que le gouvernement qui émergera des législatives de dimanche devra poursuivre le programme de réformes approuvé par son prédécesseur en échange de l’aide financière des créanciers publics du pays. Une mission du FMI retournera en Grèce “après les élections, une fois que le nouveau gouvernement aura été formé”, a indiqué un porte-parole jeudi.