à Londres le 22 juin 2011 (Photo : Carl Court) |
[25/01/2012 13:42:24] LONDRES (AFP) Le spectre d’une nouvelle récession se rapproche du Royaume-Uni, dont l’économie s’est contractée au dernier trimestre 2011, et la crise dans la zone euro met un peu plus en péril la stratégie du gouvernement qui reste basée sur la poursuite de la rigueur.
Selon une première estimation officielle publiée mercredi, le produit intérieur brut (PIB) britannique a reculé de 0,2% au dernier trimestre 2011, une performance pire que celle attendue par les experts après une hausse de 0,6% au trimestre précédent.
L’annonce, attendue dans un climat d’inquiétude grandissante sur l’avenir du pays, a été relayée en direct par les chaînes d’information en continu.
Le ministre des Finances George Osborne a aussitôt pointé du doigt l’impact de la crise chez les voisins de la Grande-Bretagne, avec lesquels elle réalise près de la moitié de ses échanges.
“Les problèmes économiques du Royaume-Uni ont été agravés par la situation dans la zone euro, par une crise qui se déroule à nos portes”, a-t-il plaidé.
Mais il s’est dit déterminé à “ne pas dévier” du plan d’austérité gouvernemental, en dépit des appels à l’assouplir alors que le chômage est déjà au plus haut depuis 17 ans.
Pour lutter contre un déficit public parmi les plus élevés en Europe et contenir une dette qui vient de dépasser le seuil symbolique des 1.000 milliards de livres (1.200 milliards d’euros), “il n’y a pas d’autre voie possible”, a martelé M. Osborne.
Mais même le Fonds monétaire international (FMI), considéré par le Premier ministre David Cameron comme un de ses plus fermes soutiens, a conseillé mardi aux gouvernements de modérer leurs politiques de rigueur budgétaire face au ralentissement général de l’économie mondiale.
Ce que n’a pas manqué de rappeler Ed Balls, le responsable de l’opposition travailliste pour les questions économiques. “Le temps est venu pour David Cameron et George Osborne d’écouter les avis qui leur sont donnés, y compris par le FMI”, a-t-il dit, en accusant une nouvelle fois le plan de rigueur d’avoir échoué et de “faire de gros dégâts”.
La plupart des économistes estiment désormais probable un retour du pays à la récession après celle des années 2008/2009. La récession se définit techniquement par deux trimestres d’affilée de contraction de l’économie.
Pour Vicky Redwood, du cabinet Capital Economist, “le Royaume-Uni est en fait déjà de retour dans la récession et l’économie va continuer de se contracter durant la majeure partie de cette année”.
La majorité de ses collègues estiment toutefois qu’une telle récession devrait être brève et sans aucune mesure avec la précédente, qui s’était traduite par un recul total du PIB de près de 7%.
Même plus modérée, toute nouvelle contraction de l’économie aurait un impact sur les rentrées fiscales et menacerait l’ambitieux plan de réduction du déficit sur lequel le gouvernement a misé toute sa crédibilité. Or M. Osborne a déjà été contraint cet automne de reporter de deux ans, jusqu’à l’horizon 2017, son objectif d’un retour à l’équilibre budgétaire.
Le mois dernier, l’agence de notation Moody’s avait augmenté la pression en émettant des doutes sur la pérennité du sacro-saint “triple A” britannique en cas de détérioration marquée de l’économie.
M. Cameron continue toutefois de disposer d’un atout majeur dont ses homologues de la zone euro sont privés: une banque centrale autonome.
Or la Banque d’Angleterre a signalé mercredi qu’elle était disposée à effectuer rapidement de nouvelles injections massives de liquidités dans l’économie pour soutenir l’activité, une politique qui a jusque-là aidé le Royaume-Uni à emprunter dans de très bonnes conditions pour financer sa dette.