Les matières premières terminent sur une note morose une année 2011 agitée

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èves de cacao à Antioquia, en Colombie le 6 octobre 2011 (Photo : Luis Acosta)

[30/12/2011 09:56:32] LONDRES (AFP) Du cuivre au cacao, en passant par le pétrole, l’or ou le sucre, les marchés des matières premières terminent sur une note morose une année 2011 en dents de scie, plombés par le ralentissement de l’économie mondiale, et le chemin de la reprise en 2012 s’annonce cahoteux.

Après s’être envolés en 2010 de record en record dans un environnement euphorique, les prix des matières premières ont pour la plupart connu une véritable débâcle cette année.

Ainsi, la plupart des métaux industriels (cuivre, étain, zinc) ont vu leurs cours dégringoler de 25% sur l’année.

Les métaux précieux ne sont pas épargnés: après un sommet depuis 30 ans en avril, l’once d’argent a perdu 47% de sa valeur, et le platine a lâché 23% depuis début janvier.

Du côté des matières premières agricoles, l’arabica coté à New York a cédé quelque 30% après un sommet depuis 1977 en avril. Le sucre a abandonné plus de 20% sur l’année et les prix du blé environ 30%.

Après quatre premiers mois relativement enthousiastes, les matières premières ont entamé à partir de mai une période de fortes turbulences, “à l’unisson des actifs jugés à risque, comme les Bourses”, a constaté Julian Jessop, du cabinet britannique Capital Economics.

Pour Roxana Mohammadian-Molina, de Barclays Capital, “l’aggravation de la crise des dettes souveraines européennes et les craintes de ses répercussions financières, ainsi que les inquiétudes sur un coup d’arrêt brutal de l’économie chinoise ont exacerbé le pessimisme des opérateurs”.

Le resserrement de la politique monétaire en Chine, premier consommateur de métaux, et la contraction de l’activité manufacturière cet automne, en Chine, aux Etats-Unis comme en Europe, ont contribué à freiner la demande.

Signe de ce violent retournement de confiance: alors que les investissements dans les matières premières avaient augmenté de 9 milliards de dollars en juin, ils ont enregistré sur le mois de septembre un recul de 10 milliards de dollars, une baisse record, selon les chiffres de Barclays Capital.

“L’an dernier, on parlait d’un +super-cycle+ vertueux où les prix étaient tirés irrésistiblement par la demande exponentielle des pays émergents, et on s’aperçoit finalement que les prix peuvent plonger très facilement: ils jouent aux montagnes russes”, a souligné M. Jessop.

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Antofagasta au Chili (Photo : Jorge MuÑoz)

De surcroît, “on a assisté à une déconnexion palpable entre les prix et les véritables fondamentaux du marché”, a poursuivi Mme Mohammadian-Molina.

Alors que des mines de cuivre géantes ont été perturbées de long mois par des grèves au Chili puis en Indonésie, la réduction de la production n’a guère enrayé le plongeon du métal rouge.

Dopés au printemps par les révoltes dans le monde arabe, les cours du pétrole ont peiné à maintenir leurs gains: après avoir atteint 127 dollars à son plus haut niveau de l’année début avril, le baril de Brent finit l’année autour de 107 dollars.

“Etant donné les menaces géopolitiques sur la production, le pétrole aurait dû s’échanger bien au-dessus de 150 dollars le baril en 2011, mais c’était sans compter un environnement macroéconomique inquiétant” pour la solidité de la demande énergétique, a observé Roxana Mohammadian-Molina.

Mais pour certaines matières alimentaires, le niveau de l’offre garde souvent son importance: le prix du cacao s’est ainsi effondré de 50% depuis mars, la demande peinant à absorber une récolte record en Afrique de l’ouest.

L’or lui-même a vu s’écorner son statut de valeur refuge traditionnelle: il a baissé de plus de 20% depuis un sommet historique début septembre, les investisseurs cédant leur métal jaune pour se procurer des liquidités.

La plupart des analystes se montrent très circonspects pour 2012: si un rebond des prix est attendu, celui-ci devrait rester très modéré dans les prochains mois, étant donné un environnement économique toujours morose.

“Tout dépendra de la politique monétaire américaine, de la capacité de la Chine à éviter un atterrissage brutal de sa croissance, et surtout des efforts des Européens pour trouver une solution à la crise de la dette”, a résumé Adam Sieminski, analyste de Deutsche Bank.